"Network" raté

Placer des espoirs en un film mal connu ou un réalisateur à peine dévoilé est rarement une bonne idée. C'est ce qui m'est malheureusement arrivé suite à une très belle découverte il y a de nombreuses années avec "L'Âme-sœur" : quand j'ai vu le nom de Fredi M. Murer affiché à côté de "Vollmond", c'est un peu comme si on avait débranché mon cerveau et désactivé tous les radars habituels à base de croisement de sources diverses. Tant pis.

On comprend assez vite qu'on est embarqué dans une sorte de Derrick sous psychotrope, au creux d'un délire vaguement new age de la fin du XXe siècle : un jour, soudainement, sans raison apparente, douze enfants disparaissent aux quatre coins de la Suisse. On pense d'abord à une association de malfaiteurs, tout le monde attend la demande de rançon, mais elle ne vient jamais. Et puis un jour, tous les parents des enfants disparus reçoivent une lettre mystérieuse de la part de leurs enfants respectifs avec un message cryptique, une sorte d'énigme à déchiffrer avant la prochaine pleine lune.

Tout le film suit l'enquête mené par un inspecteur assez pénible, en déficit d'à peu près tout ce qu'on pourrait attendre d'un tel personnage, en jonglant entre les différentes langues représentatives des différentes régions de la Suisse. Seul point commun : ils vivaient tous près d'une étendue d'eau. Puis le téléfilm déroule une toile mi-mystique mi-naïve assez désagréable, informe, qui ne sait pas quoi faire de son irrationnel. On imagine dans un premier temps l'éloge de la fuite, de l'imaginaire de l'enfance, mais non, rien de consistant n'adviendra — et ce n'est pas l'absence de résolution qui me pose problème, loin de là. Il y a toute la satire du monde contemporain, avec le monde de la télévision, des écrans, des caméras et des producteurs véreux, qui a pris un violent coup de vieux, c'est terrible. Le discours sur l'imaginaire anesthésié est un beau ratage.