S’il y a bien une caractéristique du cinéma américain qui est passionnante et que toutes les cinématographies du monde aimerait posséder c’est bien l’accessibilité de leurs films aussi théorique soit-il. J’ai toujours trouvé dingue comment à Hollywood on ne savait pas faire du cinéma non populaire. C’est avec le Nouvel Hollywood que tout cela s’est manifesté, alors que la «nouvelle» génération européenne sort complètement des genres pour faire des films brillant, passionnant, mais pas franchement tourné vers le spectateur pendant qu’aux USA on n’en finit plus de faire l’éloge du genre. Et même quand ceux-ci s’effondre, le western pas exemple on l’honore comme il se doit (nombreux sont les cinéastes des seventies qui réaliseront leurs westerns), on va même jusqu'à « créer » un genre en son honneur, le road movie qui est évidemment une modernisation du western. Point limite zéro c’est exactement ça, un film populaire qui selon l’angle ou on le regarde gagne en épaisseur.
Sarafian pose principalement deux questions, celle du statut du héros américains, question essentielle aux Etats-Unis, pays particulièrement attaché aux icones et celle du rapport à l’espace comment l’appréhender, le dominer dans un pays ou 3/4 de routes c’est une broutille. Deux questions qui émanent bien sur du western.
Bon, à part ça Point Limite zéro c’est l’histoire de Kowalski, livreur de voiture revenu de tout qui fait le pari d’amener une Dodge Challenger 1970 de Denver à San Francisco en un temps record. Il se retrouve chasser par la police dans le désert du Nevada, sa course devient rapidement symbole de liberté pour la population…
Dans 99% des road movie le film se concentre sur les rencontres faites sur la route qui transforme bien souvent les personnages principaux, le tout devenant une quête initiatique, il y a bien des rencontres dans Point limite zéro, mais ce ne sont que des pauses. Kowalski lui, se confronte à la route, sa vie est derrière, ce n’est qu’un junkie qui ne vit plus vraiment, il part à la rencontre des sublimes et longues lignes droites du désert de Mojave, c’est un peu son baroud d’honneur. Ce sont les gens qui se reconnaissent en lui, sa fougue, sa folie libertaire et son insoumission leurs parlent. A un moment (on en 1971) ou le peuple américain est perdu, voir ce descendant des cavaliers du pony express fendre les grandes étendues de l’Ouest américain à tombeau ouvert galvanise la mémoire héroïque de tout un peuple et il est à l’image de ce peuple, il a grosse gueule de bois au sortir des années 60 au tout était encore possible.
Vanishing Point du regretter Richard C.Sarafian est un grand film sur l’Amérique.
Biniou

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