Poltergeist II
5.2
Poltergeist II

Film de Brian Gibson (1986)

J'avais toujours voulu voir les suites de Poltergeist premier du nom signé Tobe Spielberg (ou Steven Hooper, c'est comme vous voulez) au vu des rares visuels que je voyais sur la toile (affiches énigmatiques, une poignée de visuels intrigants) et de la mention qu'un de mes héros artistiques, H.R.Giger y avait participé (sur le second volet justement pour le design de l'entité malfaisante ectoplasmique pour être plus précis). Et ce petit rêve s'est réalisé quand je reçus les suites remastérisées HD en cadeau de Noël via un cher ami (1), qu'il en soit d'ailleurs remercié ici puisque je vais plus ou moins le citer quand il m'avait prévenu pour ces deux œuvres : « les films ne sont pas géniaux mais ce sont de belles curiosités ».


Au vu des dernières déconvenues que j'ai rencontré récemment, ce second volet s'est avéré pourtant une bien belle surprise. Une suite bien sûr assez en deçà du savoir faire de Toby Spielby mais une bonne série B néanmoins. Surtout quand on se rend compte que peu de temps avant je m'avalais à la fois Terminator Genisse et les Extraordinaires aventures d'Adèle Pète-Sec de Bulle Caisson. Oui bon, replaçons le contexte d'emblée, c'est la fin de l'année 2019, je peux enfin souffler et remonter enfin chez mes parents, enfin descendre (2) plutôt vu que je partais de Paris dans l'un des rares trains disponibles en période de grève (3). Sitôt arrivé, le paternel m'informe qu'on peut avoir non seulement Netflix et Amazon Prime sur la grosse télé HD du coin vidéo aménagé. N'ayant ni l'un ni l'autre (beh oui yé souis pauvre...), j'en ai sacrément profité en bien comme en mal. Déjà qu'en temps normal même si je vais régulièrement au ciné ce n'est pas parce que j'ai une carte illimité que je vais forcément tout voir non plus, je sélectionne d'emblée mes séances et il y a des œuvres pour lesquelles ça m'aurait fait mal de payer (même si virement automatique plutôt que place achetée individuellement).


J'ai donc profité de mes vacances pour voir du n'importe quoi. Je m'attendais toutefois à des choses à peu près potables avec les deux choses pré-citées. Dans l'un Schwarzy assurait au moins le spectacle même si le gloubi-boulga tournait plus autour d'une comédie de mœurs entre le papounet robot beau-papa et le potentiel petit copain moche de l'héroïne qu'une quête destructrice SF aux multiples niveaux temporels (bien embrouillés n'importe comment au passage sous prétexte que la strate temporelle est changée et que bla bla... Come on, assumez, vous avez fait n'importe quoi avec votre script sous prétexte de « le moderniser » à l'époque actuelle bande de moules – je m'excuse pour les moules qui se sentiraient offensées).


L'autre, n'en parlons pas, j'ai senti mes neurones flamber d'un coup devant tant de bêtise et de crétinerie assumée. Au bout de 45mn, d'un commun accord la mama et moi (4) avons arrêté le truc. On en pouvait plus. C'est que ça rend probablement con en plus ce truc. J'avais écrit des trucs ailleurs sous le coup de l'énervement, j'ai aussi écrit quelques lignes sur SC à défaut d'une « critique » du truc. Rien que d'y penser je me sens mal. Non non on en parle plus, voilà. Et apparemment d'après mon ami cinéphile suisse qui m'a offert les films de Poltergeist II et III, Buc Lesson a pourtant faire encore pire... C'est ma faute, j'ai pas suivi sa carrière récente mais j'ai curieusement pas plus envie de la suivre avec dernièrement les visionnages de Lucy (aussi con mais plus drôle. Il y a même des plans animaliers en stock-shots qui traînaient et qu'on a inclus dans le film, LOL) et Anna (copié-collé paresseux plat et incohérent de Nikita en 2.0 (5)).


Qu'on ne s'étonne pas du coup que je me sois senti respirer avec un film comme Poltergeist II.


Trucages à l'ancienne toujours aussi efficace, check.
Photographie plaisante et lumineuse, check.
Musique au taquet à nouveau du toujours grandiose Jerry Goldsmith, check.
Retrouver presque toute la famille Freeling au complet, check.


Presque oui car Poltergeist est en soi une saga maudite.


Et quand je dis maudite, il y a quasiment eu un mort après chaque film, c'est flippant en soi. Ici c'est la grande sœur, Dana, qui a disparu de ce second volet sans qu'on ne la mentionne une seule fois, et pour cause : Dominique Dunne disparaît à 22 ans à peine peu après le tournage de Poltergeist des suites d'un homicide, étranglée par son petit ami d'alors. Glacial. Peu après ce second volet ce sera Julian Beck le personnage du révérend maléfique Kane, méchant ectoplasmique personnifié à merveille. L'acteur disparaît à 60 ans d'un cancer de l'estomac juste après le film. Enfin peu après le troisième et dernier film, ce sera notre petite actrice-héroïne elle-même, Heather O'Rourke qui disparaît définitivement alors âgée seulement de 12 ans. A ce stade c'est comme si les forces de ténèbres n'avaient jamais voulu qu'une telle saga filmique, bancale certes mais attachante, soit faite, c'est assez incompréhensible et effrayant quand on y pense (6).


Bon, arrêtons-là nos digressions, on se fait peur tout seul, c'est bête.
Luc Besson doit bien se marrer tiens en nous imaginant avec la chair de poule devant notre ordi.


Alors Poltergeist II c'est la personnification du mal qui torture et poursuit les Freeling depuis le premier film avec cette figure de révérend maudit. Une idée à double tranchant, positive en soi qu'elle se permet sous couvert de film horrifique de critiquer la religion et les sectes, négative car elle donne un visage au mal là où justement c'est à visage non-découvert qu'il se fait le plus effrayant (on le sait depuis Les Innocents et La maison du diable). Une sorte de léger manichéisme un peu renforcé par le message caché du film qu'il n'y a que l'amour qui permet de vaincre la haine, d'opposer ici le vivant face à la mort. C'est un peu ironique quand on pense à la disparition tragique de Dunne peut avant mais d'un autre côté c'est peut-être aussi une forme d'espoir pour conjurer sa perte et témoigner d'une famille (d'acteurs et de personnages) encore plus unie devant et derrière la caméra.


Oui j'aime à penser cette idée comme ça au vu de la tonalité plus ou moins optimiste qui se dégage du film à travers les personnages éminemment positifs de l'indien et de la grand-mère. 2 visions de plus du paranormal (on retrouve Zelda Rubinstein qu'on voyait déjà dans le premier film) qui s'ajoute ici avec l'animisme et les forces cachées de la nature suggérées (naïvement) avec le personnage de l'indien campé par Will Sampson (7) d'un côté avec l'idée d'un passage de don entre générations (héréditaire d'une certaine manière oui) avec la grand-mère. Pas mal quand on décortique une simple série B hein ?


Sans aller dans la démence fabuleuse du final du premier film, Poltergeist II assure quand même déjà pas mal son lot de visions fantastiques avec un certain brio (l'ouverture dans le Grand Canyon en pleine nuit, la fin de la secte, toutes les apparitions du révérend, l'attaque à la tronçonneuse dans le garage, le retour au charnier mis à découvert du premier film et la plongée sous terre dans le monde des morts...), certaines idées provenant en partie du génial regretté Giger (mais pas toute au vu de son apport largement organique. Quand on voit certains de ses travaux dans un énorme livre-rétrospective que Taschen lui a consacré on se doute que les techniciens du film n'ont pas osé pousser aussi loin non plus. A leur décharge, certaines idées de Giger s'avèrent cela dit partir hors du film et un peu irréalisables qui plus est (8)).


Comme on dirait ailleurs, « Poltergeist II fait la job » et il le fait très bien du coup.
Pas un grand film mais un bon film. Ce qui le rend finalement d'une certaine manière assez inestimable quand on voit le niveau fantastique et horrifique actuel.


======


(1) Et non un ami cher. Enfin si. Parce que bon j'ai bien tenté de le corrompre à maintes reprises à base de produits fromagers mais comment voulez-vous lutter contre quelqu'un qui vit dans un pays où le fromage pousse à même les arbres ? C'est impossible.


(2) C'est la seconde chronique où je mêle montée et descente après la précédente. Je crois que j'ai un problème très sérieux, docteur.


(3) J'avais déjà eu un précédent train annulé la semaine avant mon départ et là ce fut toute une aventure pour prendre ce nouveau train, je vous raconte pas.


(4) Maman c'est mon cobaye cinéphilique, attention ça rigole plus.


(5) Ma chronique est sur Sens Critique tiens.


(6) Par curiosité je viens de jeter un œil sur la filmographie du réalisateur de ce second volet. Il a disparu à 59 ans sans avoir fait long feu non plus, son autre coup d'éclat étant le fameux film biographique sur Tina Turner. Flippant je vous dis. D'ailleurs moi-même je ne me sens plus trop bien, tiens...


(7) ...Il a aussi disparu tragiquement juste après ce second film à 53 ans. Je ne vais pas dormir ce soir. Je ne vais pas dormir ce soir. Je ne vais pas dormir ce soir. Je ne vais pas dormir ce soir....


(8) On en parle de cet espèce de capote/utérus géant d'où sort l'ectoplasme du méchant principal ? : https://1.bp.blogspot.com/-Bl8ukgFJgRg/VMtjuLuUplI/AAAAAAAAS9g/877gh9HBipY/s1600/zzzzzzzz.jpg

Nio_Lynes
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le 12 janv. 2020

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