Les employés de la radio d'une petite ville d'Ontario sont secoués lorsqu'ils apprennent que plusieurs habitants de Pontypool meurent dans des circonstances étranges. Après plusieurs appels d'auditeurs incohérents, ils déduisent que ce qui rend les gens fous est le fait de parler l'anglais.

En voilà un scénario intelligent ! Un huit clos dans une radio avec des zombies qui deviennent contaminés par la parole. Et pourtant ce n'était pas gagné d'avance. Trois personnes bloquées dans une radio qui ne font que parler... La difficulté et le défi était bien là.

Pontypool est adapté d'un roman« Pontypool changes everything » du très bon Tony Burgess. Ors si le postulat de départ se marie parfaitement avec le genre littéraire, ce n'était pas gagné de transposer ça à l'écran sans provoqué un profond ennui.

Et pourtant le résultat est à la hauteur offrant un film parfaitement maîtrisé et éblouissant. Il faut avouer que l' histoire est particulièrement solide et rondement menée.
La première référence qui nous vient à l'esprit est la guerre des mondes le magnifique canular radiophonique d'Orson Wells en 1938. Mais par sa manière intelligente de traiter de sujet ambitieux à travers un genre au final très B renvoi également au grande heure de Romero
PONTYPOOL traite de la parole. Que ce soit de son sens ou de la domination presque inéluctable d'une langue sur une autre entraînant la mort de l'espèce humain. Car dans Pontypool la parole tue!

Aborder cela dans un film sans ennuyer est déjà un exploit. Mais rendre le tout intéressant et attractif est le plus bel exploit de ce type. Rien de pompeux, rien d'alambiqué, tout est fluide, clair, lisible. En d'autres termes, PONTYPOOL a des prétentions mais ne se montre jamais prétentieux.

Vu que le film traite notamment de la domination culturelle de l'anglais, il me paraissait clair de le voir en VO. Et là je fut frappé par la voix de Stephan Mc Hattie. Une belle voix grave, radiophonique, très country, très américaine. Clairement aucun doublage ne peut retranscrire tout ce que cette voix peut transmettre et provoqué à son écoute. Mais il est également important de le voir en VO pour deux choses :

Premièrement : Dans le dernier tiers du films ils se mettront à parler français. L'effet est parfait, car clairement ils ne maîtrisent pas là langue ce qui donne un vrai caché crédibilité à l'ensemble de l'oeuvre et parce que ça nous fait décroché un sourire de bon aloie dans ce genre de film.

Secondement : La résolution tient dans la quasi homonymie entre deux mots du vocabulaire usuel en anglais et la traduction ne parviendra pas à rendre cela. Ors le coeur du film est : qu'est-ce que nous transmettent les mots ?

Donc il est impératif de le voir en Version originale. Surtout qu'à la tension du script se mêlent des éléments d'humour à la fois judicieusement intégrés et parfaitement politiquement incorrects.

En définitif : Richesse des thèmes, justesse du traitement, efficacité du résultat, PONTYPOOL mérite vraiment votre attention. Il fait parti de ces oeuvres rares qui allie intelligence et plaisir. Un grand film.
deephurt
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le 10 oct. 2010

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