Porco Rosso
7.7
Porco Rosso

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1992)

De Porco Rosso de Hayao Miyazaki, se dégage une forme de plénitude qui ne cesse de dissimuler un vague à l’âme qui vogue dans l’air avec douceur. Un récital d’animation qui navigue vers le réalisme mais qui n’en délaisse pas moins sa portée mélancolique. Bien au contraire.


A première vue, la direction artistique, toujours aussi légère et habile, pourrait paraître moins flamboyante, symbolique et chatoyante que dans certains autres films du cinéaste comme Princesse Mononoke ou Le Voyage de Chihiro, pour ne citer qu’eux. Mais de cette petite plage, calme et cachée des méandres de l’humanité, un hydravion peint d’un rouge vif et son pilote libertaire prennent le bon temps qui leur est dû. Porco Rosso, c’est le simple récit d’un chasseur de prime qui vient en découdre avec les pirates des airs, comme un chevalier intrépide qui se lancerait à l’abordage en galopant vers le danger.


De ces combats aériens, l’oeuvre voit naître alors un ballet céleste de duels aussi funambules que virtuoses, où la mise en scène et la fluidité de l’animation font rage pour ne plus nous lâcher. Comment ne pas être émerveillé devant les eaux bleues et les criques de la mer Adriatique, de ce panorama bucolique d’avant guerre où Miyazaki affiche son amour pour les paysages européens, où faune et flore ne font qu’un, dans un dédale de pureté. Porco Rosso, c’est aussi cet hommage au ciel et à la mer, loin de l’aliénation terrienne, à cette dame nature qui épouse les mouvements de la technologie humaine, et voit avancer sous ses yeux attristés la montée du fascisme et du déshonneur humain.


Marco, surnommé Porco depuis qu’il est victime de la malédiction lui ayant octroyé un visage de cochon, est un solitaire, qui semble porter sur ses épaules une culpabilité et une farouche envie d’opposition au conformisme et d’indépendance. Mais comme souvent chez Miyazaki, la fluidité de la narration, elle-même en osmose avec l’image, est ce qui anime la douce flamme du film. Car sous ce calme champêtre et la relative simplicité narrative, Porco Rosso sait parfaitement moduler à la fois ses effets émotionnels, mais aussi et surtout, écrire avec finesse les relations qui lient les différents personnages, comme en attestent celle entre Gina et Porco et celle entre ce dernier et Fio.


De l’amour, de la place de la femme dans la société ou même du respect de l’aviation et de la profession, Porco Rosso est comme habituellement avec le cinéaste une profession de foi pour l’humanité, d’une liberté qui donne des ailes et sa quête de résilience. Une aventure épique, qui délivre des moments de grâce inoubliables, comme cette vue sur la voie lactée qu’est cette « mer de nuage » et toutes ces âmes emportées par le destin dans un silence de cathédrale.


Article original sur LeMagduciné

Velvetman
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le 20 mars 2020

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