Jerry Schatzberg, initialement photographe de mode, décide de passer à la réalisation avec son Portrait d'une enfant déchue.
Alors disponible sur OCS, j'ai profité d'un dimanche après-midi à la campagne pour visionner ce premier long-métrage duquel Faye Dunaway était à l'affiche.
Je ne savais absolument pas à quoi m'attendre avant de lancer le film et je dois dire que le titre original (Puzzle of a downfall child) annonce plutôt bien la couleur.
En effet, le montage est assez chaotique avec énormément de flashbacks et on peine parfois à suivre ce qui se passe.
Toutefois, c'est par ce scénario non linéaire que repose tout l'intérêt de l'histoire. Ainsi, comme un puzzle, on assemble au fur et à mesure les bouts de la vie du personnage et on apprend à la connaître.
Le récit est mené par elle, par ses confessions et il est très intéressant de voir que le passé, les souvenirs peuvent être altérés selon qui raconte. Tout comme l'homme qui l'interroge, on se demande à plusieurs reprises si tout est véridique ou s'il s'agit de fantasmes.
La performance de Faye Dunaway est sidérante : même si l'on peine à apprécier son personnage, elle réussit à susciter un intérêt croissant chez le spectateur.
C'est par sa manière de se dévoiler et de nous montrer ses failles qu'elle nous bouleverse.
La séquence finale marque l'apothéose de cette trajectoire douloureuse (le film est clairement d'une tristesse absolue) et nous laisse sur un sentiment d'avoir vécu une vie pleine de péripéties.
Du même cinéaste j'avais vu son troisième long-métrage L'épouvantail (1973) dont je vous avais parlé dans un article cinéma en juin 2018, qui lui aussi s'interroge sur la détresse humaine et qui lui aussi, m'avait impressionnée.
Portrait d'une enfant déchue n'est pas simple à regarder néanmoins il représente tout ce que j'aime dans le cinéma des années 70, soit le renouveau du système hollywoodien et le courage des cinéastes à ne pas craindre les prises de risque.