Objet certainement un peu mécompris, naufrage commercial et critique détenteur de pas moins de cinq Razzie, Postman fut le film qui valut à Kevin Costner le titre de premier boomer de l'Histoire du Septième Art ; oeuvre complètement inclassable, sorte d'étrange métissage de western post-historique et/ou de science-fiction post-apocalyptique cette seconde réalisation du célèbre comédien ayant littéralement eu le vent en poupe dans les années 90 demeure pourtant intéressante à bien des niveaux, jusque dans ses plus gros défauts pour le moins légion...
Forcément et imperturbablement conservateur jusqu'à la naïveté la plus béante et la plus béate Postman cultive un américanisme des plus tranchés se démarquant des élans pacifistes du superbe et romanesque Danse avec les Loups, tout en en reprenant certains aspects structurels et narratifs ( avec pour première similitude un héros infiltrant presque à son corps défendant le camp des bons : les Indiens pour John Dunbar, les victimes des holnistes pour le facteur...). Bien moins qualitatif que son prédécesseur ( car moins adroit et moins cohésif ) Postman constitue toutefois un film d'aventure hybride qui - si l'on passe outre un manichéisme lourdaud et fortement passéiste - tient haut la main l'honorable digestion de sa durée conséquente : ainsi les trois heures du métrage qu'il représente passent comme une lettre à la poste, étayées par la prestation solide de Kevin Costner et par un sens du spectaculaire n'ayant pas à rougir en comparaison de celui des autres productions dans lesquelles œuvra le comédien à la même époque ( Robin des Bois et Waterworld de Kevin Reynolds, principalement ).
Certes l'ensemble reste terriblement binaire et dépourvu de réels contrepoints, glorifiant les valeurs américaines avec un premier degré aussi sincère qu'un rien embarrassant mais la mise en scène soignée - toute en cadrages statiques, le plus souvent - permet d'insuffler à cette épopée apparemment anachronique voire incongrue un style tenant le mérite de se démarquer du tout-venant hollywoodien. Assumant sans peur du ridicule un postulat scénaristique des plus périlleux ( ledit métrage ne cesse de répéter ad nauseam qu'embrasser le modeste emploi de facteur n'est rien de moins qu'une manière inédite de changer, de sauver le monde...) Postman reste in fine une proposition aussi maladroite qu'assez touchante, en grande partie recommandable pour le charisme de son acteur-réalisateur légèrement autocentré pour l'heure, ce qu'on lui pardonne toutefois...