Une vraie histoire de cinéma...
Ozon travaille...on peut reprocher beaucoup de choses à ce réalisateur mais certainement pas l'envie de sans cesse se renouveler...ici il s'est lancé dans un projet improbable une nouvelle version d'une pièce de boulevard des années 70. "Ranimer" ce style de pièce, franchement au départ cela ne fait pas très envie, même si l'on garde un très bon souvenir des bonnes soirées de "au théâtre ce soir". Et puis Jacqueline Maillan n'est plus là et avec elle tout un art de la comédie qui est parti avec elle...
Alors ? Ozon n'hésite pas s'emparer des codes "des tics" de ce théâtre, décors, coiffures, jeux des acteurs tout est fait pour nous faire revivre cette époque. Mais là où il va beaucoup plus loin c'est dans l'utilisation qu'il fait de la pièce, témoignage des grand mouvements sociaux qui trouvent leurs échos dans notre France actuelle. Le féminisme traité sous la forme de la comédie, renvoie, malheureusement à des comportements en entreprise et dans la cellule familial qui n'ont pas tout à fait disparu.
La grande force du film c'est surtout sa distribution avec le couple Deneuve/Depardieu en tête. Le vieux couple fait référence à des histoires d'amour dignes des plus mauvais romans "arlequin". Mais Ozon s'en moque pour mieux nous faire sourire et mieux nous attendrir. Le couple avec plus de 30 ans de présence dans le cinéma français établit une réelle connivence avec le spectateur. Deneuve joue ce qui lui a été souvent reproché: la caricature de la bourgeoise froide et sans cœur qui découvre peu à peu les sentiments, Depardieu un ex-prolo ultrasensible reconverti dans la politique.
A la vie, comme à l'écran les 2 stars, qui n'ont toujours su exploiter au mieux leur talents notamment ces dernières années dans des films de seconde zone, assument leurs images respectives et surtout leurs âges !
Le reste de la distribution va de pair avec un Luchnini odieux à souhait, une Judith Godrèche insupportable, et Karine Viard tout en souplesse et retenue avant l'apothéose finale.
Très éloigné des standards du rire français actuels, "Potiche" détourne le côté "franchoullard" pour raconter une histoire simple et terriblement efficace dont les 2 principaux protagonistes font une référence à une certaine histoire de cinéma.
Peut-être le meilleur film d'Ozon ?