Entre maîtrise et convention
Pour toi j'ai tué... est une œuvre qui incarne le film noir classique avec ses thèmes de fatalité, de trahison et d’obsession, mais malgré son indéniable maîtrise technique, elle laisse un goût amer de répétition. Robert Siodmak, à la tête d'une mise en scène tendue et élégante, exploite brillamment les codes du genre : la ville nocturne, les jeux d'ombres, les personnages marqués par leurs erreurs passées. La photo de Franz Planer, d’une grande rigueur, installe un climat d'anxiété et de tension omniprésente.
Burt Lancaster, dans le rôle du héros tourmenté, livre une prestation solide, mais son personnage, bien que convaincant, manque de nuance. Le couple qu'il forme avec Yvonne De Carlo, belle et fatale, paraît parfois trop stéréotypé pour réellement captiver. L’intrigue, centrée sur un casse manqué, semble se perdre parfois dans sa propre mécanique, et l’intensité des premières scènes laisse place à une certaine prévisibilité dans les événements.
Pour toi j'ai tué... séduit par sa rigueur formelle, mais son récit, bien que fidèle aux principes du film noir, manque d’une véritable originalité qui aurait permis de transcender le genre. C’est une œuvre solide mais qui, malgré ses atouts, semble parfois trop marquer le pas, jouant davantage sur la relecture de codes que sur l’invention de nouveaux territoires narratifs.