Ce n’est que le troisième film de Denis Villeneuve que je vois, je ne peux donc pas dire que je le connaisse réellement.
Cependant s’il y a une chose que je connais bien de lui, ce sont les réactions des gens face à ses films.
J’avais déjà été assez surpris devant Prisonners et certaines réactions à son égard que je trouvais parfois extrêmes, étonnant pour un film au style certes propre mais à l’histoire aux thèmes certes passionnants mais avec une intrigue digne d’un mauvais épisode d’Hercule Poirot. J’ai ensuite retrouver un peu la même chose avec Sicario, en remarquant quelques gimmicks comme deux ou trois jeux de mise au point et de rythme avec des étirements du temps le tout dans une mise en scène assez classique rendant des films tout à fait agréables à regarder.


Dans Premier Contact la filiation avec les films précédemment cité se retrouve dès le début du film avec des réminiscences des personnages de Prisonners et de Sicario et par la mise en scène glaçante de sobriété qui réussi à sublimer l’apparition de ce monolithe rappelant fortement le passage de la frontière dans Sicario ayant des allures de changement de planète comme lors de l’entré dans l’engin inconnu ou l’on a déjà l’impression d’avoir quitter la Terre alors que nous ne sommes qu’a une dizaine de mètres du sol. Et c’est ce qui forme l’une des force du film, toute la période de mystère est très bien maitrisé, que ce soit par le rythme de la narration ou le visuel flou et impersonnel au début puis laissant place à des vues d’ensemble assez grandiose puis se rapprochant petit à petit du visage du personnage, d’abord dans l’obscurité appuyé par une photographie terne pour ensuite se retrouver inondé de lumière une fois dans le vaisseau (évoquant d’ailleurs un écran de cinéma dont nous devrons comprendre le langage par des éléments visuels, le parallèle aurait pu être intéressant à faire mais le film a préférer s'en tenir à autre chose, et je trouve que cela représente bien mon souci avec le film). Cela permet éventuellement de nous laisser deviner les intentions des visiteurs, tout en faisant des figures inquiétantes appuyé par l’environnement sonore assez marquant (mais sans grandes originalité puisque s’agit en fait en gros du même bruit sourd que l’on entends dans tout les blockbusters SF de ce style depuis le remake de La Guerre des Mondes par Spielberg). Avec en bonus des gros poulpes qu’il n’aurait peut être mieux fallu ne pas montrer car cette subtilité ne va pas durer.


Et c’est là que ça commence à poser problème, puisque une fois le mystère brisé et que le film commence à réellement dévoiler ses intentions et en se révélant être un peu bancal en voulant en monter un peu trop. Parce qu’un film montrant la visite d’extra terrestre venu avec des Monolithes en cherchant à pousser les humains à se poser des questions pour progresser et s’unifier grâce à un pouvoir permettant de rendre une personne omnisciente dans le temps c’est très bien, sauf que quand le film en question se contente de livrer toutes les réponses au spectateur sur un plateau d’argent (certes plutôt joli, il faut l’admettre) sans le pousser à se poser des questions, ça fout un peu tout en l’air. On pourrait éventuellement dire que nous somme à la place du personnage principal relevant toute les infos nécessaires à la compréhension de l’évènement sauf que c’est le film lui-même qui nous apporte les réponses là où le personnage devait les trouver d’elle-même par une réflexion personnel. La mise en scène ne prend finalement pas part à la cohérence du film sur ce point et c’est assez dommage.
C’est un peu comme si le film ne voulais pas nous laisser nous faire notre propre opinion en voulant tout montrer et tout expliquer sans laisser la place à la suggestion ce qui limite notre réflexion en tant que spectateur et va même à l’encontre de ce que dit le film. La plupart du temps, les films qui nous en transmettent le plus sont ceux qui savent nous en dire le moins. La réel force du film se trouve justement dans les passages de mystère, c’est lorsqu'il ne dit rien qu’il transmet finalement le plus, toute la symbolique des cercles en opposition aux décors souvent rectangulaires et sans âmes, les références à 2001 en ayant l’intelligence de donner une forme arrondie à ces Monolithes noirs. Le fait que notre point de vue soit celui du personnage nous faisant ainsi rentrer dans son intimité et son omniscience temporelle comme son pouvoir était similaire à celui du cinéma de transcender de temps. Le langage a ces limites, Le cinéma n’a pas. Le Cinéma a son langage que le langage ne connait point.


Et le film l’a bien compris, ces règles sont selon moi assez clairement énoncé dans ce film, mais elles ne sont au final pas respecté par ce dernier. Mais hélas tous ces éléments ne sont pas tenu jusqu’au bout. Ce focus sur le personnage principal fini par rendre les autres anecdotiques voir caricatural alors que le film se base sur la communication. On nous donne des infos sur le reste du monde et de la société qui semble sur le déclin ce qui ne sort de nulle part, et ne mène nulle part, parce qu’au final on s’en fout , (je n’irai pas jusqu'à dire que c’est inutile, dans un film quel qu’il soit rien n’est inutile, mais là je trouve que ça participe à desserrer le propos du film) c’est comme si le film voulais juste avoir son petit point sociétal totalement hors sujet, grotesque et rappelant beaucoup les maladresses de Contact de Zemeckis, dont il rappelle également l’aspect intimiste et la quête de filiation (et les images de synthèses dégueulasses lors de la dernière rencontre avec les étrangers) et même globalement, la structures des films ce ressemblent.
Elle n’est d’ailleurs pas sans évoquer d’autres films récents, on pourrait y trouver les mêmes similitudes avec Midnight Special (dont la référence mère est avant tout Rencontre du troisième type) et interstellar. Ce qui participe à donner naissance à un sentiment de redondance pour Premier Contact. Même si le traitement du temps y est très bien géré, le film se prend un sacré coup quand on s’aventure à le comparer à Interstellar, même si se dernier possède bien des défauts, il possède globalement les mêmes thèmes en les traitant avec plus d’intelligence, de même pour la structure globale du film. Ces autres films arrivaient plus ou moins à conserver le mystère en admettant que certaines choses ne peuvent pas être appréhender ou transmise explicitement par le langage, Premier Contact a peut être voulu aller au-delà de ça en ayant plus d’ambition et en voulant apporter en soulignant l’intérêt de se poser des questions mais aussi en faisant l’erreur de vouloir y apporter des réponses par des élément concret qui viennent aussi un peu détruire cette esthétique plus ou moins naturaliste qu’adopte Villeneuve. Cette "règle" du mystère et de la transmission du non appréhendable par le visuel plutôt que par le langage, il n’a pas su l’appliquer alors qu’elle est pourtant énoncée dans le film et cela amène une certaine frustration. Les intentions du film sont très ambitieuses et honorable mais force est de constater qu’il n’a pas su les atteindre, mais on ne peu pas lui en vouloir, car selon moi, le seul film qui a su atteindre un tel niveau d’ambition réalisé, c’est justement celui qui aura presque servi de model à tout les films cité dans cette critique, il s’agit bien sûr de 2001 L’Odyssée de L’Espace. Il est tout à fait honorable de la part de Villeneuve d’avoir voulu s’y essayer en ayant réussi à expliciter ses intentions sans jamais réellement les atteindre.


Avec Premier Contact, je me suis rendu compte que les films de Villeneuve possèdent une vrai personnalité et parfois une grande intelligence visuel. Avec Ses deux autres films je trouvais que le problème venait souvent d’histoires inintéressantes, mais ici c’est plus subtil (en m'en en disant trop le film m'empêche de réellement m'impliquer et le coté redondant des thématiques et de leur traitement avec d'autres films n'aide clairement pas). Au fond, j’ai bien aimé ce film, mais il s’agit surtout d’un très bel emballage malgré quelques faiblesses avec un fond hélas incomplet et incohérent, mais il n’en reste pas moins très intéressant.

chakalapounga
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le 22 déc. 2016

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