La première rencontre avec une forme de vie extra-terrestre est un grand classique de la science-fiction. Passage quasi-obligé pour un cinéaste souhaitant en découdre dans le genre, le "fisrt contact movie" est jalonné aux bordures par des clôtures de codes, et présente une généalogie riche en canons du cinéma (Rencontre du 3e type, Contact, .....). Une thématique qui nous questionne et nous obsède de façon exponentielle, face aux possibilités technologiques d'exploration et à l'urgence environnementale nous poussant à la recherche de nouvelle solutions.
Il était donc temps de faire bouger les lignes, de réorganiser la syntaxe pour prendre le problème sous un tout nouvel angle.



Des ombres portées



Alors que rien ne laissait présager l'imminence d'une rencontre, une douzaine de mystérieux monolithes noirs se positionnent sur la Terre, à des points géographiques aléatoires. D'immenses galets impénétrable, portant sur la Terre leurs ombres impassibles.


Louise (Amy Adams), traductrice et interprète de renom, est dès lors contactée par les autorités supérieures de son pays. Ayant fait ses preuves par le passé dans la résolution de conflits, la sémiologue est recommandée de toute part.
C'est en effet à elle que l'on demande de jouer une partition à quatre main en compagnie de Ian (Jeremy Renner) afin de décrypter le langage des visiteurs. L'objectif étant d'obtenir une réponse à cette question fondamentale : quel est le but de leur venue ?


Visuellement époustouflant, Villeneuve parvient à rendre à l'écran une atmosphère pesante. Ni une menace, ni une bénédiction, l'arrivée des visiteurs se fait sentir sur la pellicule par des couleurs passée et un cadrage ingénieux, clouant littéralement les terriens à leur sol rassurant.
Le premier réel contact entre le public et les visiteurs est bien visuel. Ces géants d'ébènes, aux formes aussi apaisante que menaçantes sont décrites en direct par la caméra de Villeneuve. Les mots sont ici superflus, l'image permettant de saisir la puissance sereine qu'il se dégage de ses colosses. D'immense galets flottant à la verticale, dominant l'agitation d'une humanité reléguée au rang d'insecte.



Rencontre du 7e type



Sobrement intitulé The Arrival dans la langue de David Beckham, le film se tient à quelques mètres au dessus des poncifs éculés du genre, à l'image de ses "coquilles", comme les appellent les militaires. A travers un message dénonçant les lacunes de communication entre les peuples, Villeneuve réussi le tour de force de garder le spectateur en haleine deux heures durant, sans jamais tenter de verser dans la larme facile ou le jumpscare parasitant. La sobriété de la est au service d'un propos lisible, pur. Nous vivons la rencontre.



Humanité



Amy Adams incarne cette ambassadrice accidentelle du bout des lèvres. Flottant entre fragilité et fascination, l'actrice nous donne à voir une femme dépassée par ce qu'elle découvre, submergée par ses émotions, écorchée par la curiosité. Une humaine.
Secondée par un Jeremy Renner très juste, la spécialiste du langage doit désapprendre son savoir pour décentrer son regard, et composer avec un état major peu enclin à perdre un temps qu'il estime précieux. C'est prise dans cette course vers la communication que Louise porte sur ses épaules une responsabilité trop grande pour elle.



Film de synthèse



Denis Villeneuve livre ici une synthèse de son cinéma. Le réalisateur nous montre à nouveau sa capacité unique à filmer l'espèce humaine, déjà éprouvée dans Incendie et Prisoners, et ses réactions face à une altérité rebattant les cartes de sa perception (Sicario). A l'instar d'Ennemy, le français confirme sa maîtrise des ambiance et des couleurs, ainsi que son talent pour diriger des acteurs sur le fil des émotions au sein d'un environnement qui leur est étranger.
Un grand film sur la communication est la manière de la considéré, à une époque où la connaissance et l'information sont portés au rang d'armes ultimes.


Un film sur la rencontre est une suite logique. C'est au contact de l’altérité que son art explose.

Créée

le 12 déc. 2016

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Le  Fléau

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