Afonso Poyart nous livre peut-être le thriller policier le plus intéressant de cette fin d'année 2015. Au début, je pensais avoir affaire à une grande production molle et vaniteuse de reproduire un Silence des Agneaux (1991) version actuelle, notamment en bénéficiant de la renommée désormais incontestée de Sir Anthony Hopkins, alias Hannibal Lecter, et pourtant il faut dire que j'ai été agréablement surpris. Certes, les clins-d'oeils à l'ancienne trilogie sont nombreux ; il suffit de regarder le scénario : le FBI fait appel à un medium, John Clancy (Anthony Hopkins), afin de les aider à traquer un serial killer des plus tenaces...Là où les méthodes classiques (et humaines!) échouent, on fait appel au monstre, au sphinx qui fascinait jadis, pour comprendre les arcanes d'un être semblable, un tueur au profil peu banal, c'est le moins qu'on puisse dire ! Tout au long du film s'élabore un dialogue palpable entre les deux hommes ; un thriller qui replace la sensibilité au cœur de l'enquête judiciaire : on ne cherche pas seulement des preuves, des indices, un meurtrier...On découvre l'homme, avec ses faiblesses (la maladie, la douleur, la colère, le désir...). Nous sommes transportés dans cet étrange couloir sensoriel à travers les visions électrisantes de John Clancy ; il faut souligner ici la valeur esthétique du film avec ses magnifiques scènes de ralentis et ses éclairs fulgurants qui laissent entrevoir des fragments de vie, passés ou futurs, souvent torturés. Du début à la fin, le film nous tient en haleine et le twist final s'avère largement à la hauteur : il nous révèle la vraie nature de John Clancy, un personnage exceptionnel qui a cultivé son mystère jusqu'à la fin. Par ailleurs, on pourrait signaler que tous les protagonistes ont été admirablement fouillés, incarnés par un casting en or : Colin Farrell (Charles Ambrose), sans commentaire, Jeffrey Dean Morgan (agent Joe Merriweather) qui s'était distingué dans La Locataire (2010) et Abbie Cornish (Katherine Cowles), la (ou plutôt une des) blonde fatale de Sucker Punch (2011), qui n'est pas sans rappeler une brillante Clarice Starling. Bref ! Je ne peux que vous conseiller de regarder ce film, dans la mesure où il stimule également une réflexion sur la mort...vue et revue me direz-vous ? Et bien laissez-vous surprendre comme je l'ai été ! Où s'exerce notre libre arbitre si la mort est inéluctable et présente partout autour de nous ?