Je me souviens très bien de la sortie de Légion en 2010, j'avais 16 ans, j'aimais bien les films fantastiques, c'est toujours le cas, en particulier les films manichéens avec des références bibliques. J'attendais donc avec impatience la sortie de Légion, plus grosse déception cinématographique de ma vie. Autant dire que j'étais furax contre Scott Charles Stewart d'avoir réalisé une daube pareil sur un sujet aussi fascinant que la Légion de démons biblique. Et à l'époque je n'étais pas chrétienne. Ayant suffisamment perdu mon temps avec ce réalisateur douteux, je n'ai jamais regardé Priest jusqu'à ce jour.


Cette année, 13 ans plus tard, je me suis dit que j'étais peut-être passé à côté de Légion, je l'ai revu. Mais non, c'est bel et bien un navet dans lequel il n'y a rien à sauver. Et Scott Charles Stewart parle de ce qu'il ne comprend pas, donc il blasphème, mais de manière stupide et inintéressante.


Priest est bien meilleur que Légion, il semblerait que Scott Charles Stewart ait ouvert une bible entre Légion et Priest. Il en cite quelques versets et y puise quelques images qui servent sa réalisation.

J'ai apprécié le prologue en animé qui permet d'avoir une idée de la manière dont l'univers de Priest est constitué et des antécédents des différents types de personnages.

Il y a un vrai travail d’étalonnage présent dans tout le film mais qui manque un peu de subtilité, on est sur quelque chose d'aussi tranché qu'un Mad mad fury road ou un matrix. La cité régit par l'église est bleue, les terres abandonnées sépia, l'intérieur du train est vert...

Dans les premières scènes du film, on découvre le visage de Mädchen Amick, une actrice que j'aime beaucoup et dont la physionomie se prête bien à ce type de personnage, mais elle a à peine 1 minute de temps d'écran avant de finir dévorée par les vampires-goules-démons. Dommage.

La cité régit par une église totalitaire m'a rappelé celle de Dark World (Franklyn) 2008 de Gerald McMorrow. On y voit des écrans publicitaires en faveur de la repentance, la confession et l'absolution, des câbles sortir de partout (pour le côté SF sans doute), et des militaires aux airs de cyborgs armés juqu'aux dents garder des confessionnaux électriques qui ressemblent à des toilettes chimiques. Dans la foule, tout le monde protège sa tête : des ombrelles en pagaille, des bonnets, des capuches, des chapkas, des lunettes d'aviateurs vintages façon steampunk et toutes ces têtes couvertes renforcent le sentiment de soumission du peuple à un pouvoir totalitaire omniprésent. C'est la version SF de la kippa ou du voile musulman.


Le clergé qui constitue aussi le gouvernement politique de la cité y est dépeint d'une manière assez sombre : des cardinaux vêtus de noirs, orgueilleux, autoritaires, menteurs, calomniateurs et plus intéressés par le maintien de leur pouvoir que par la sécurité réelle du peuple.


Le film traite aussi de la réinsertion des soldats dans la société après la guerre, et de l'ingratitude des gouvernements comme des citoyens pour lesquels ils ont tout donné.


Les dialogues sont extrêmement convenus, et rien ne surprend, on s'attend à tout, mais dans l'ensemble, ça fonctionne.


Concernant les créatures, mise à part leur soif de sang, leur intolérance au soleil et la régence féminine, elles ne s'ancrent pas dans la tradition des vampires de Le Fanu, Polidori ou de Bram Stoker. Aucune séduction, aucune fascination, aucun romantisme. On est sur une créature aveugle, avec des dents en crochets de serpents, chauves, glabres et à la musculature saillante, un genre de Nosferatu de Murnau mutant, idiot et sous testostérone au fonctionnement d'insecte.

Sauf pour une créature hybride, croisée prêtre, qui incarne un genre de Lucifer : plus puissant que les démons qu'il dirige, et anciennement au service de Dieu avant d'être contaminé et d'entrer en rébellion.

D'ailleurs, la caste des prêtres aux pouvoirs surnaturels, est plus proche d'archanges incarnés que des prêtres du réel clergé catholique. On retrouve donc là un lien avec Légion, ou l'acteur Paul Bettany qui joue le prêtre dans Priest jouait l'archange Mickaël incarné.


La place de la prière et le secours de Dieu dans l'épreuve sont respectés dans le film, le réalisateur ne semble pas être contre la Foi mais contre l’Église telle qu'elle est constituée.


Dans l'ensemble, le film est loin d'être inintéressant. Il y a plusieurs passages que j'ai apprécié, s'il avait duré 1h de plus, l'univers aurait pu être un peu plus développé et détaillé. Un deuxième volet serait bienvenu, la fin laisse d'ailleurs supposer un second volet.




Septieme-Sens
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le 3 avr. 2024

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