Avant la Révolution : on y est toujours. C’est ce que ressentait Bertolucci, 22 ans, quand il a réalisé son film dans le creux de la (nouvelle) vague. Une œuvre aux tons de Le Dernier Combat de Besson, un second film là aussi, mais dont on sentait moins l’inexpérience que chez Bertolucci : sa caméra à tête chercheuse, œil voyeur sur lequel on se fiche que les passants tournent la tête, ne cherche pas à contenir quoi que ce soit.


C’est un peu la même chose pour une musique qui, quand elle ne transforme pas l’ambiance en vynile animé – ce qui arrive heureusement souvent –, est bourrée sans raison à côté de la pellicule. Puisqu’il fait un film de jeunesse politisée, Bertolucci fait en sorte d’être au plus proche de son thème et c’est bien là toute sa réussite : il se dit avant la révolution, communiquant un trouble brut et véritable. Lui qui se disait humblement inspiré par ses pairs, le voilà qui semble poser les bases pour l’également incestueux Merci ma tante (de Samperi, 1968) qui, dans cette idée, broierait les commentaires éclairés et les quelques magnifiques lignes de Bertolucci.


On ne s’étonnera pas de piocher dans le cynisme lucide d’Oscar Wilde, et l’on appréciera d’autant plus les rallonges à certaines scènes, des dépassements visuels à ce qui semblerait suffire. Inexpérience ou non, il y a certes des imperfections mais aussi un propos clair et exprimé dans un pur air parmesan.


Quantième Art

EowynCwper
6
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le 23 avr. 2019

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Eowyn Cwper

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