Ce film est un combo de thématiques sulfureuses, qui en s’arrangeant sous la forme d’un divertissement très bis (le concept même de la cage en verre est bancal, mais il fallait trouver un prétexte pour justifier l’incapacité à réagir sans jamais pouvoir échapper à son rôle de témoin), parvient à malmener son spectateur dans un jusqu'auboutisme violent. Car c’est sur cette relation de dépendance du malade à son personnel soignant que le film s’appuie, poussant le vice toujours un peu plus loin dans ce que le beau Angelo prépare comme surprises à son patient. Ne retenons pas la surprise davantage, ce combo, c’est Fasciste + Voyeurisme + Pédophilie + Homosexualité. Bam dans ta face ! Pendant la seconde guerre mondiale, notre père de famille a trempé dans des affaires vraiment louches (exposée en scène d’intro, la dimension pédophile est frappante), et aujourd’hui tétraplégique, il n’a jamais été aussi vulnérable. C’est dans ce contexte qu’Angelo, témoin de la scène et aujourd’hui adolescent obsédé par ce personnage, et désireux de se rendre indispensable à ses yeux, quelques soient les moyens nécessaires. C’est un personnage d’horreur-fantasme, qui ne cesse d’alterner entre satisfaction de ce qu’il pense être les désirs de l’autre, et vengeance vicieuse quand les réactions de ces derniers ne cadrent pas avec ceux qu’il espérait. Exprimant lui aussi des désirs pédophiles à un degré qui surpasse le maître, le jeu de voyeurisme qu’il impose à sa victime devient vite insoutenable, sans qu’une issue s’offre pour sortir du cauchemar (car si les personnages arrivent dans une certaine dimension à se complaire dans ce climat, le spectateur se trouve pris entre deux feux). C’est aussi ce côté huis clos qui donne à Cage de cristal son atmosphère si étouffante. Après bien profité de sa santé pour assouvir ses pulsions, le fasciste anciennement pédophile se retrouve complètement inapte à se défendre, sous le regard de sa famille, et même menacé par elle (supportant de moins en moins son mari, sa femme joue à plusieurs reprises avec sa vie). Il n’y a aucun échappatoire, pas de refuge possible. Quand le film commence, c’est pendant une heure quarante et il ne lâchera rien d’ici là. On nage en pleine immoralité, ce qui était tout bonnement imprévu, et carrément efficace pour un film de cette trempe. Plutôt subtil dans son dosage des éléments malsains, on lui pardonnera un jeu d’acteur parfois un tantinet trop appuyé, le climat psychologique un peu bancal (le pédophile réagit parfois de façon contradictoire entre sa honte et ses tiraillements, sans que le spectateur parviennent à ressentir ce qui l’anime réellement), quand on constate qu’il exploite ses arguments en voulant faire avancer son récit. Bonne petite surprise, à découvrir d’urgence.

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le 14 sept. 2014

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Voracinéphile

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