D'une puissance émotionnelle inattendue.

Sans prétention quelconque, je me lance dans ma première critique avec Prisoners.
Avis aux lecteurs, mes connaissances en cinématographie sont minimes, voir inexistantes.
Il ne s’agira donc pas d’une critique concernant les aspects techniques et artistiques du film, mais davantage d’une critique qui retrace l’expérience d’une amatrice de cinéma en général, et de thrillers en particulier.

Exceptionnellement, je n’ai pas pris la peine de regarder la bande annonce du film ni le descriptif avant d’aller le voir. Parfois le contenu d’une bande annonce en révèle bien trop sur le film. J’ai simplement demandé à mon amie « Prisoners ? C’est quel genre de film ? » « Un thriller ». Comme pour tout thriller, je suis (peut être vous également) généralement partager entre lassitude et intérêt. Mais quel thriller !
Dés les premières images, l’ambiance et le décor du film sont posés : nous nous retrouvons plongés dans le paysage froid d’un hiver en Géorgie où neige et ciel gris définissent le cadre. La puissance émotionnelle du film se manifeste rapidement, à travers la musique saisissante, puissante et surprenante de Jóhann Jóhannsson, mais également dés la première scène, qui n’est autre qu’un aperçu des débuts à la chasse d’un jeune adolescent sous le regard fier de son père, Keller Dover (Hugh Jackman). La personnalité de ce dernier apparait tôt dans le film. Il est un père de famille protecteur, religieux et adepte de survivalisme. Bien qu’introverti et relativement impressionnant, il semble être le pilier de la famille.
L’atmosphère est d’une froideur inquiétante et troublante esquissant l’horreur à venir… Cette ambiance pesante contraste avec les rires et l’enthousiasme des familles Dover et Birche qui se réunissent pour Thanksgiving. Le contraste se fait de nouveau sentir, notamment dans des détails esthétiques comme les entrailles de la bête fraichement abattue présentait à côté de la traditionnelle tarte à la citrouille, nous replongeant dans le climat initial…
Les deux adorables petites filles Anna Dover et Joy Birche sortent un instant s’amuser dans les rues glacées, sous la surveillance de leurs aînés respectifs. Contraste toujours, nous les retrouvons entrain de jouer prés d’un camping-car miteux arrêté devant une maison désertée.
La soirée s’écoule, à son terme, les deux familles prennent conscience de la disparation d’Anna et de Joy. Rapidement la recherche du camping-car est lancée, nous rencontrons alors l’inspecteur Loki (Jake Gyllenhaal). Il s’agit d’un personnage solitaire, légèrement excentrique mais mystérieux.
Le propriétaire du camping-car, Alex Jones (Paul Dano) est retrouvé, mais rapidement relâché, pour manque de preuves. Alex Jones est un personnage tout à fait intéressant bien que troublant. Il semble psychologiquement fragile et l’on aimerait découvrir davantage de son histoire. Ce personnage peut susciter dégoût ou intérêt mais ne laisse pas indifférent. Paul Dano l’incarne à merveille et nous sommes rapidement touchés, de quelques manières que ce soit, par ce personnage.
Indigné et percevant la police comme incompétente, Keller Dover se lance lui-même à la recherche de sa fille… Partagé entre l’enquête officielle de Loki d’une part et celle de Dover d’autre part, ce film nous offre une expérience émotionnelle d’une puissance rarement égalée. La violence des recherches de Dover animées par sa peine profonde contraste avec l’enquête davantage professionnelle et stagnante de Loki.
L’intrigue est présente tout au long du film. En étant attentif aux détails nous pouvons assez tôt émettre certaines hypothèses sur l’identité du ravisseur, mais entre les retournements de situation et l’arrivée de nouveaux personnages nous sommes incertains et en haleine jusqu'au dénouement.

Pour conclure, j’ai apprécié dans ce film la puissance émotionnelle qui s’en dégage, à travers la psychologie des personnages et leurs détresses, la musique, le décor, la maîtrise du contraste… Captivant, saisissant, troublant, nous sommes immergés et intrigués jusqu’à la fin.
W4it
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le 12 oct. 2013

Critique lue 604 fois

8 j'aime

Maud

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