A mon sens, le film va plus loin que ce qu'il ne montre dans ses stéréotypes et dans sa trivialité mais je comprends très bien qu'il ne fasse pas l'unanimité.
D'ailleurs, je suis toujours heureux quand un film ne fait pas consensus, donc ce n'est pas un problème pour moi mais bien une qualité.

D'un côté, l'ambiance jouissive autant qu'elle est interdite et d'un autre côté l'apologie de la transgression. Je ne dirais pas "décadence" aussi vite par contre. Le film réfléchit la société, c'est assez clair ici... et il est habile.
La vérité est qu'aujourd'hui nous vivons aujourd'hui dans un monde si sécurisé qu'il n'y a plus d'espace pour se rencontrer.

J'en veux pour preuve les apéros géants qui sont à la fois un succès fou et l'intolérable selon les municipalités. Sommes-nous sous Staline ou quoi ?!
Pour faire face à ce risque sécuritaire, il faut jouer la carte naturelle de la surenchère. Il faut toujours aller plus loin pour s'exprimer parce que ces modes d'expression ne correspondent pas à l'idée que ce font les technocrates de la sécurité. C'est pourquoi le film montre le dépassement momentané des forces de l'ordre. C'est le climax de cet exercice.

Du côté des principaux protagonistes, il aura fallu du courage pour affronter cette folie soudaine et la prise de drogue est là pour démontrer qu'ils ont besoin de ça pour se dépasser, pour s'affranchir des codes sociaux étriqués. Et, seulement ensuite, il retourne dans ce monde du tout sécuritaire avec les déboires judiciaires. Ce n'est pas les parents semi-admiratifs qui blâmeront les fautifs parce que eux comprennent et envient la prouesse de leur rejeton.

Ce film, produit par le réalisateur de Very Bad Trip, c'est à la fois une fête et une manifestation de liberté, à l'égal d'un Woodstock revendiqué, plus loin que Footloose, et je pense qu'il faut se féliciter qu'un film aussi fun puisse être l'objet d'une double lecture. Alors plus qu'une simple "décadence", je dirai que le monde dans lequel vit Thomas et nous-mêmes est en décalage avec ses véritables besoins humains, au point d'exploser à la moindre vision d'un espace d'expression de ces besoins, au point où l'on est considéré comme un héros populaire lorsqu'on a bravé les codes traditionnels.

S'il existe peut-être une chose à retenir de mon visionnage, c'est ce regard, mon regard qui, de l'extérieur vers l'intérieur, s'est tourné ; ce mouvement, ce virage.
Andy-Capet
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le 30 nov. 2012

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Andy Capet

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