Réalisateur caméléon, Gus Van Sant est à l’aise tant dans le ciné d’auteur indé que dans le cinéma politique engagé. Avec Promised Land, il traite d’un sujet éminemment actuel, celui de l’exploitation du gaz de schiste et toutes les considérations écologiques qui le sous tende.

L’histoire est celle de deux employés d’une firme qui se rendent dans la campagne reculée américaine afin de convaincre les agriculteurs d’exploiter le gaz de schiste présent sous leurs terres. Ce forage, moyennant une somme colossale se verra compromis par l’arrivée d’un représentant d’une association écologique qui tentera de convaincre les agriculteurs du danger de ce gaz sur leurs exploitations agricoles.

Débute alors une bataille de communication absolument passionnante entre les deux parties. Les lignes sont brouillées et il n’existe plus réellement de mauvais ou de bons dans l’histoire. Les représentants de la firme et l’ONG écolo sous tous deux prêts à toutes les manipulations pour arriver à leurs fins et acquérir la gratitude des habitants. A ce niveau, le film est absolument parfait. Gus Van Sant filme avec minutie et finesse un processus politique complexe et pose deux enjeux majeurs. Le premier est celui du prix à partir duquel les habitants sont prêts à laisser exploiter leurs terres, compte tenu du risque que constitue le forage. Le second est celui de la pertinence des considérations écologiques dans un contexte de crise, où la sauvegarde des terres n’est plus une priorité. C’est là que réside tout l’intérêt du film, d’autant que les personnages sont complexes et le scénario particulièrement efficace.

On note par ailleurs un casting au sommet. Le tandem Matt Damon-Frances McDormand fonctionne à merveille et sont d’une drôlerie qui procure une certaine humanité aux représentants de la firme, que l’on voudrait sans vergogne. On regrette par ailleurs l’absence bien trop prononcée de l’excellente Frances McDormand au cinéma, réjouissante dans chacune de ses apparitions.

MAIS, car il y a un mais... les 5 dernières minutes, sont d’une inconsolable déception. Le politiquement engagé de Gus Van Sant reprend le dessus. Un rebondissement de dernière minute brise tout la complexité du film et nous dresse un bilan final d’un manichéisme déconcertant. Quel gâchis pour ce film qui, jusqu’au 10 dernières minutes, faisait preuve d’une perfection scénaristique au service d’idées de mises en scène super bien ficelées.
MarouaneZemmour
6
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le 21 avr. 2013

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MarouaneZemmour

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