Stéphane Goël s'invite au tribunal des prud'hommes pour observer l'état actuel du monde du travail à travers le prisme révélateur des crises et des conflits.

Quel meilleur endroit pour étudier l'évolution du monde du travail que le tribunal des prud'hommes, lieu où tous les conflits et toutes les rancœurs viennent se manifester dans le bruit et la fureur? Si le film de Stéphane Goël se passe en Suisse, les histoires qui y sont racontées ne nous apparaissent pas si étrangères. On pense inévitablement à la 10e chambre de Raymond Depardon, comme ce dernier Stéphane Goël filme sobrement, sans commentaire ni explication de la voix off. En revanche Prud'hommes s'attache moins aux juges qu'aux « civils », sans chercher à diaboliser ni les employeurs, ni les employés.

Le réalisateur a bien su capturer l'ambiance si particulière qui règne dans un tribunal des prud'hommes, là où les juges ne sont finalement pas là pour juger mais pour arbitrer des débats souvent animés qui permettent aux deux parties de s'exprimer, de vider leur sac, et, parfois, de se comprendre. Cependant si la plupart des conflits se résolve en conciliation, évitant une plus longue procédure, il est clair que les juges forcent souvent la main aux gens, dans l'intérêt général certes, mais surtout dans l'intérêt de la justice qui travaille gratuitement.

On ne peut qu'imaginer l'importance et la difficulté du travail de préparation avec les protagonistes du documentaire. On voit des gens vulnérables, fragiles, en crise, filmés sans impudeur mais néanmoins au plus proche. Ils sont émouvants dans leur volonté de parler, de dénoncer, de se livrer, doublement écoutés par le réalisateur et les juges. Avec beaucoup d'intelligence, le film sort du huis-clos pour aller voir où naissent les procédures : chez les syndicats, au service de l'inspection du travail, pour voir ainsi naître et évoluer des récits complets.

Prud'hommes est donc un documentaire réussi, fenêtre ouverte sur un milieu méconnu et qui pourtant concerne tout salarié et tout employeur.
Queen-Bitch
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le 8 juin 2011

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