John Dillinger est le gangster qui a marqué la première partie du XXème siècle par ses nombreux braquages de banques et ses courses poursuites insensées avec les forces de l'ordre américaines. Sorte de Robin des Bois des temps modernes, épargnant les citoyens ordinaires mais bénéficiant du soutien d'une horde de criminels, le malfaiteur se voit traqué par les meilleurs agents du FBI et devient l'ennemi public numéro un en pleine crise économique des années 1930. Le biopic de Michael Mann démarre en 1933, après que Dillinger ait purgé une peine de dix ans de prison. Le monde a changé mais il reste le terrain de jeu favori du malfrat. Je me souviens l'avoir vu au cinéma et ne pas en avoir retenu grand chose, si ce n'est un blockbuster d'action avec un beau casting. Des années après, je me rend compte de la pertinence du choix de Johnny Depp pour incarner ce cow-boy charismatique. Il faut dire que ce rôle de beau gosse mal élevé lui va comme un gant. Mais ce qui frappe d'emblée avec Public Enemies, c'est son style visuel, marqué par une caméra à l'épaule très agitée en numérique haute-définition jouant constamment avec les effets de clair/obscur. Aucun filtre ne vient teinter ce film d'époque. J'ai particulièrement apprécié la note mi-country mi-blues des airs de guitare qui accompagnent l'action et je me suis amusé à reconnaitre toutes les têtes connues de la distribution, parfois au détour de tout petits rôles. Ces éléments laissent une empreinte singulière à l'ensemble. Délibérément spectaculaire mais aussi rébarbatif, agressif, saccadé, voire parfois un peu brouillon, Public Enemies peut en rebuter plus d'un par sa forme. L'histoire, quant à elle, bien qu'inspirée de faits réels, suit un développement on ne peut plus classique. Chasse à l'homme, amitiés à la vie à la mort, rivalité mafieux/flic, histoire d'amour éperdue mais pas que... C'est aussi le portrait du chouchou de la population et des journalistes ; un modèle de banditisme spectaculaire adulé par Hollywood qui vit au-delà des lois, des normes. Ce n'est pas un hasard si l'une des scènes fait un parallèle direct au film L'ennemi public de 1934. Il ne s'agit donc pas seulement du récit de la fin de vie du criminel mais la fin d'un fantasme cinématographique. Outre quelques longueurs, Michael Mann rend ici hommage aux films de genre tout en assumant des parti pris atypiques.

alsacienparisien
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le 4 avr. 2021

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