Public Enemies par NicoBax
Je suis pas du tout allergique au cinéma de Michael Mann. J'ai aimé "Heat", "Collateral" pour la bonne idée et la façon de filmer L.A., "Miami Vice" pour sa photographie (mais pas pour son scénario) même si je comprends les reproches qu'on lui fait en général. Là, j'y suis allé sans rien en attendre, j'en avais plutôt lu du mal mais pour le coup, je vois le verre à moitié plein. Et pourtant...
Il persiste avec son numérique et autant, je trouvais pas ça trop mal dans "Collateral" et "Miami Vice", autant pour un film sur les années 30 je dois être un peu conservateur mais bof. Mais malheureusement, le "bof" tourne souvent au "putain ça fout mal au crâne Michael tes conneries" : les scènes d'action en gros plan, caméra à l'époque en numérique, ça retourne les yeux et c'est sacrément désagréable.
Ensuite, Christian Bale. En voilà un bon inutile tiens. Ce mec ne sert à rien. A chacun de ses rôles, il joue un mec impassible qui parle à voix basse et qui ne manifeste aucune émotion si ce n'est un petit frémissement d'oeil de temps en temps pour faire comprendre que là, il ressent un truc.
Après, il y a cette histoire parfaitement inutile entre Johnny Depp et Marion Cotillard. Dillinger a surement eu une histoire d'amour super romanesque et tout et tout mais ça n'apporte strictement rien au film. Elle joue pas mal en anglais d'ailleurs notre petite Française mais bon, on s'en fout un peu quoi.
Enfin, le rythme. Y a de sacrées longueurs qui sont heureusement sauvées par Johnny Depp. La faute à un scénario indigent où seules les scènes d'action permettent de garder son esprit éveillé (j'exagère un peu).
En fait, plus j'y pense, plus je trouve de défauts. Les seconds rôles ne sont absolument pas utilisés et c'est dommage, il y a des visages connus sympathiques : Stephen Dorff, Jason Clarke (vu dans "Brotherhood"), David Wenham (Faramir dans "Le seigneur des anneaux") ou encore Stephen Graham qui se retrouve à nouveau à jouer un tueur psychopathe après son rôle de Mad Dog Cole dans "Les indomptés" ("Mobsters").
C'est ultra manichéen aussi. Dillinger le braqueur qui laisse quand même un paquet de cadavres derrière lui est un héros que le public adore, plein de classe, avec un sens de la répartie imparable et qui échappe systématiquement aux vilains policiers fédéraux de J.E. Hoover le machiavélique.
Mais heureusement, il y a Johnny Depp qui, même s'il est toujours dans le registre du ténébreux charismatique, dégage vraiment quelque chose à l'écran (à coté de Bale, c'est flagrant). Il porte le film sur ses épaules de bout en bout, aussi à l'aise dans la (très bonne) reconstitution des années 30 que sur le pont d'un bateau de pirates ou en auteur de Peter Pan lunaire et sensible.