Pulsions est un film tout à fait intéressant à bien des égards, avec une histoire autour de la double identité sur fond de pulsions sexuelles liées au conditionnement biologique des êtres humains. Thriller et drame passionnant, De Palma souffre tout de même d'une comparaison trop importante qu'il nous est permis de faire avec le cinéma de Hitchcock, et en particulier sur ce film, mais je reviendrai plus explicitement sur ce détail par la suite.
Il y a des efforts de mises en scène assez intéressantes avec des plans parfois bien travaillés, je pense à celui où l'on voit Kate Miller dans le musée, obnubilée par l'homme qu'elle tente tant bien que mal de trouver avec un immense tableau représentant la nudité de la femme. On voit ici que ce sont bien les pulsions qui conduisent cette femme dans la tourmente et annonce son drame à suivre, le musée n'était qu'une simple occasion de créer des rencontres.
Le film est plutôt intelligemment découpé avec le meurtre soudain et brutal de cette femme que nous avons suivie en travelling et à travers nombreux mouvements de caméra depuis le début (qui ont donné lieu à des séquences hautement réussies).
J'ai également beaucoup apprécié l'idée que cette femme purement soumise à son instinct biologique (mais pas que, puisque son mari ne la satisfait pas complètement au lit), en vienne à agir de manière irraisonnée sans prendre en compte des données importantes. Ici, je fais notamment référence à la scène où elle décide de partir de l'appartement de son amant et qu'elle finit par tomber à tout hasard sur une lettre adressée à cet homme, sur une consultation qu'il doit mener d'urgence car il se trouve infecté sexuellement. Ce sont des petits détails qui renforcent la thématique du film et lui apportent beaucoup.
Le problème c'est que De Palma nous fait du Hitchcock revisité, et ça se sent beaucoup trop. Les allusions à Psychose sont vraiment légion dans ce film, que ce soit cette femme que l'on suit depuis le début (qu'on pense être la protagoniste) mais qui se révèle n'être qu'une pièce servant à déployer l'intrigue principale autour d'un mystérieux personnage. La façon de découper ce film est exactement identique à celle de Psychose de ce point de vue là. De plus, les scènes sous la douche et la frayeur qu'elles procurent nous font à nouveau penser à ce film, mais on peut également ajouter l'histoire autour de la double identité du médecin, qui est à nouveau la grande révélation de l'intrigue présente dans Psychose.
On ne peut pas non plus parler de remake, ce serait injuste. On change bien sûr les personnages, le contexte, l'ambiance et on ajoute de manière plus nuancée les pulsions sexuelles dans ce film, mais ça reste beaucoup trop calibré sur le chef-d'œuvre hitchcockien pour prétendre à une pleine indépendance à mon sens, ce qui réduit la puissance du film, incontestablement, car on a une fâcheuse impression de "déjà vu".
Toutefois comme je l'ai dit précédemment, le film est de qualité, c'est indéniable. Il est bien réalisé, il y a une excellente gestion du suspense avec une musique parfaitement en adéquation avec ces moments. Il y a bien sûr des effets de surprise (qui sont eux aussi à relativiser lorsqu'on connait Psychose).
On sent tout de même que Brian De Palma reste un cran en-dessous des maîtres qu'il admire de manière objective (Alfred Hitchcock notamment). Son cinéma est toutefois très intéressant mais des titres comme Blow Out et Pulsions restent prisonniers d'une influence hitchcockienne qu'il ne parvient pas complètement à dépasser pour en faire des films complètement à part, et c'est bien dommage.
Cependant, De Palma se démarque tout de même d'autres réalisateurs avec des titres comme plus personnels comme Phantom of the Paradise, Scarface ou encore L'Impasse.