Plus qu'un hommage ou une simple relecture, Pulsions est un fantasme, le Psychose que voulait voir Brian de Palma. Thriller sensuel, au parfum érotique, exagérant à travers - dans un premier temps - les caresses d'Angie Dickinson l'intimité qu'Hitchcock voulait que l'on ressente lors de la douche de Janet Leigh dans son film, et puis lors de la scène de douche finale (ou presque), la terreur, à travers Nancy Allen.
Ce qui intéressait De Palma dans Psychose, c'est sa forme, car Pulsions est une analyse des plans du film du maître du suspense, les déstructurant et les mettant à la sauce du cinéaste virtuose. Et jamais sa mise en scène n'a été aussi cohérente, le kitsch (utilisé maintes fois dans son oeuvre totale) n'est plus que jamais à sa place dans cette enquête sulfureuse -où la femme n'a rarement été aussi désirable -, angoissante, à l'atmosphère qui peut être qualifiée tout simplement de nymphomane.
L'intrigue, bien qu'intéressante et non dénuée de surprises (remarquable Michael Caine), passe au second plan, car ce qui intéresse le réalisateur et le spectateur, se prenant au jeu voyeur du cinéaste, c'est la chaleur des corps, la passion féminine (passionnelle Nancy Allen), les craintes des femmes, c'est une partie de chasse assez perverse, avec une ambiance érotique tellement fantasmée qu'elle devient fantasmagorique, c'est une plongée dans un univers qu'on connait bien mais qui n'est pas le nôtre, comme Hitchcock l'a fait avec son Vertigo, même si c'est dans des mesures plus grandioses encore.
Mais je pense que, contrairement à son idole Sir Alfred, De Palma aime passionnément ses acteurs/actrices, leurs personnages, et c'est de cela que naît le caractère vénéneux de ses protagonistes féminins, que l'on retrouve beaucoup plus légèrement dans le cinéma du Sir.