Puppet Master 4
4.4
Puppet Master 4

Film de Jeff Burr (1993)

Puppet Master 4, Jeff Burr, U.S.A, 1993, 1 h 19.

Après tous les aléas du « Puppet Master Universe » et les tentatives infructueuses de Charles Band pour lancer son multivers avec trois franchises qui ne comptaient qu’un seul film (trop d’ambition diront certains) le temps est venu de mettre un terme à ces erreurs de choix artistiques. Ce bon vieux Charles décide alors de revenir, comme promis à la fin de « Puppet Master III : Toulon's Revenge », à un quatrième volet de la saga aux marionnettes tueuses.


C’est donc une nouvelle histoire signée Charles Band, également producteur exécutif (est-ce nécessaire de le préciser), qui nous emmène plus loin dans l’univers d’une saga riche en rebondissements. Cette fois, entrent en scène les divinités qui se sont fait voler leurs sortilèges, et elles se montrent un peu chafouines face à l’impunité des humains. Du haut de leur caverne (qui ressemble quand même vachement à un vaisseau spatial), ils veulent récupérer ce qui est leur et mettre un terme au foutoir instigué par André Toulon.


Pendant ce temps sur Terre, Rick, un nerd et ses amis tout droit sortis de Beverly Hills 92210 se retrouvent aux prises avec les marionnettes de Toulon. Il est cool, il tire des paniers avec ses vêtements sales roulés en boule, il porte des converse et des baggys, il a une coupe de surfer et ressemble à une version bas de gamme passée sous le bus de Ryan Gosling. Mais même s’il est cool, il reste un nerd, avec tous les clichés qui vont avec, jusqu’à l’excès.


Cette fois, c’est sur la mode du sitcom pour ados que mise Charles Band, pour attraper quelques deniers en vol. Avec son ambiance de comédie adolescente et son Scooby gang du Lidl, vendu avec son Monsieur cuisine, le film retrouve l’atmosphère des précédents opus, pour proposer un charmant mélange qui ne prend jamais vraiment.


Prévu initialement pour être « Dollman vs. Demonic Toys », Charles Band lâcha le projet pour des raisons marketing. Il eut l’idée en pré-production de réutiliser une poupée issue d’une production avortée de l’Empire Pictures, ancêtre de la Full Moon, qui cessa ses activités pour cause de faillite. L’inénarrable Charles décida alors de s’orienter vers un film titré « Puppet Master : The Movie », qui donnera en fait « Puppet Master 4 » et « Puppet Master 5 : The Final Chapter », tournée coût sur coût par Jeff Burr… Oui, à la Full Moon c’était un sacré bazar à l’époque.


Cinéaste sympathique, qui n’a jamais vraiment eu l’occasion de tirer son épingle du jeu, malgré des œuvres funs et un goût immodéré pour le bourrin, Jeff Burr et sa tête de monsieur tout le monde a fini par redevenir monsieur tout le monde. Abonné aux réalisations sans thunes, sans passion, sans grand-chose, au début des années 1990 c’était pourtant un nom à suivre. D’ailleurs, son premier film « From a Whisper to a Scream », en 1987, demeure un excellent sketch movie horrifique, exploitant parfaitement l’ambiance moite et sordide d’une petite ville du bayou.


Plus maîtrisé, du fait de moyens investis intelligemment, dans les décors, les maquillages et les costumes, « Puppet Master 4 » apparaît presque en Blockbuster (à l’échelle de la Full Moon hein !). Avec un artisan correct tel que Jeff Burr aux manettes, et bien il en ressort quelque chose. Comme un nouveau souffle, la saga se relance, et confirme que les différents chapitres ressemblent à leurs réalisateurs (« Puppet Master III : Toulon’s Revenge » pour David DeCoteau et bien entendu « Dollman vs. Demonic Toys » pour Charles Band).


« Quoi!! On peut tout faire sans avoir à payer plus qu’un ordinateur et un mec ? » S’écria Charles Band en ce milieu des années 1990. Résultat, la saga en D-T-V est marquée par l’arrivée des effets spéciaux numériques. En effet, il réalisait là l’économie de nombreux techniciens, ceux de la fumée visiblement, puisque ce sont quasiment les seuls effets visuels réussis ou visibles…


Reprenant le modèle classique du slasher (qui en 1993 est déjà usé jusqu’à la corde), le récit s’avère plutôt bien mené, par un cinéaste au fait des codes du genre. L’ambiance est mystérieuse, l’atmosphère respect à la fois et la saga et sa nature horrifique, avec une progression narrative certes convenue, mais efficace. Il invite alors l’audience pour une aventure a mi-chemin entre « The Goonies » et une file d’attente au Pôle Emploi.


Des personnages totalement génériques affrontent les mêmes marionnettes qui occupent les métrages de la saga depuis le premier « Puppet Master » cinq ans plus tôt. Si la recette est connue et convenue, force est de constater que le film demeure quand même bien réalisé et son ambiance de nanard de fin de soirée laisse facilement se prêter au jeu… D’un coup bah… c’est un chouette petit film d’horreur qui se dessine, avec tout ce qui convient.


Retour au Bodega In, investi par le Stooby Bang (version Leader Price, ndr), le lieu culte de la saga qui permet de placer parfaitement le métrage dans la continuité, sans aucune subtilité. Tous les éléments de la trilogie sont employés, en pensée ou en physique (comme le sérum de Re-Animator, qui a retrouvé tout son éclat, y’a du budget je vous dis !). Ainsi, même le portrait touchant fait de Toulon dans le 3, revient hanter les personnages qui découvrent ses marionnettes.


Et c’est ainsi que naît un canon, par une première œuvre qui pose les bases, un second volet qui développe l’univers, un troisième opus qui l’élargit, avant qu’un quatrième film ne le solidifie. Prends alors forme ce qui peut désormais être considéré comme une saga. Avec les cross-overs cette saga devient franchise, et c’est avec ce « Puppet Master 4 » que débute un voyage cinématographique sur des chemins balisés, à l’échelle de productions fauchées et leurs marionnettes tueuses.


Pour exemple, il y a un retour aux télépathes, qui formaient le casting des deux premiers films. Une volonté de s’intégrer dans une saga, en proposant quelque chose de nouveau, pour la renforcer, se laisse percevoir. Même si dans le cas de la Full Moon, ça ressemble quand même plus à une publicité, qui se réfère constamment aux précédents films. À deux ans d’écart, ce genre de référence ne peut être une question de nostalgie, et se montre à propos, pour que vous alliez voir les autres, si vous les avez ratés. Ne pas oublier qui produit : le Richenou d’Hollywood, comme l’appellent les libres penseurs de la pensée cosmique, vers un nouvel âge réminiscent.


De retour, sous les traits de Guy Rolffe, Toulon apparaît désormais en gentil, ce qui parait étonnant, puisque les marionnettes aussi deviennent gentilles. L’ennemi est commun, puisqu’il menace Rick et sa bande, comme le secret de Toulon. Il est en effet étrange que de viles marionnettes organiques, possédées par des démons et abonnées aux massacres de masse, deviennent soudain les gentilles de l’histoire. Un peu nuls ces démons…


Dans une succession de saynètes légèrement répétitives (une vilaine marionnette est tuée, puis une seconde apparaît et est tuée, puis une troisième…), l’ensemble peut lasser. Bien qu’il est vrai, chaque séquence propose quelques trouvailles amusantes. N’empêche que ça reste du très convenu, peu innovant, même si c’est plutôt bien réalisé. Quelques passages laissent percevoir une timide inventivité, et Jeff Burr étale clairement l’abus homérique d’un budget pharaonique !


“Puppet Master 4” apparaît comme l’expression d’un Charles Band des grands jours, qui a cru en ce projet, au point de lui allouer une certaine considération économique. Il ne s’y est pas trompé, puisque le film fut un succès de location en son temps, et enregistra même les meilleures entrées de toute la franchise.


-Stork._

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le 20 août 2021

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