Puppet Master : Axis Rising, Charles Band, U.S.A, 2012, 1 h 26

« Histoire de », « Produit et réalisé par », quand Charles Band reprend les choses en main il ne les reprend pas à moitié. Avec un budget réduit et un temps imparti minuscule, c’est le boss himself qui se charge de donner une suite au très correct « Puppet Master : Axis of Evil » de David DeCoteau, deux ans plus tôt.


Le film reprend exactement là où le précédent s’est arrêté, dans une continuité parfaite, sauf que la classe et la sobriété de la mise en scène de DeCoteau ont complètement disparu. Le métrage ressemble [enfin] de nouveau à une production de la Full Moon. Le sentiment est partagé, puisqu’au bout de dix « Puppet Master » et dix-sept entrées du PMU, les attentes sont bouleversées et c’est presque un désir de voir une énième arnaque qui prévaut sur une quelconque demande de qualité.


C’est donc confus que l’on aborde ce dix-septième film du multivers de Charles Band débuté vingt-trois ans plus tôt. Et soudain, il se montre vulgaire, en surfant sur une nazixploitation antidatée qui lui permet de se trouver une identité, dans la continuité du précédent. Se démarque alors un nouveau souffle salvateur vis-à-vis de ses prédécesseurs. Tout redevient pourtant cheap et une urgence se fait bien sentir dans la réalisation des plans. À l’instar du jeu des comédien.nes, qui délivrent soit une prestation où ils en font des caisses, ou bien ils donnent l’impression que leurs âmes ont été aspirées au moment où a retenti le « Moteur ».


Ni plus ni moins qu’une énième production d’exploitation, après dix films d’une saga qui n’est jamais allée vraiment quelque part, on est en droit de se demander si tout cela valait vraiment la peine. Et c’est alors que l’on peut prendre la mesure du génie d’un producteur comme Charles Band, toujours aux aguets, prêt à arnaquer le spectateur en mal de sensations. Mais au bout d’autant d’œuvres cumulées, non, ça ne valait en rien le détour, d’un point de vue cinématographique. En revanche, pour comprendre le fonctionnement du cinéma hollywoodien, cette franchise et son multivers complètement foutraque alimentent une aventure humaine fascinante.


Toute sa carrière durant (d’Empire Pictures à Full Moon Features) Charles Band n’aura eu de cesse de proposer des œuvres mineures aux budgets réduits, qu’il amenuit encore et encore, au point d’en délivrer des objets hallucinants composés à partir de morceaux d’autres films. Il y a derrière cette économie de moyens (parce que ce n’est pas qu’une question de moyens) un esprit brillant, qui s’est dit un jour :


« Je vais faire des films comme à Hollywood, mais sans argent. Je vais en produire plein et ça va me rapporter un max de pognon ».


Et voilà bientôt quarante ans que Charles Band mène sa barque. Et ce n’est pas terminé, comme le démontre ce « Puppet Master : Axis Rising ». Devenant presque une œuvre nostalgique, elle se fiche pourtant de tout ce qui a été établi dans l’univers avant ce film.


Le nouveau cap donné en 2010 permet à la saga de prendre une tout autre direction, pas meilleure, pas plus brillante, mais qui propose du neuf. Le délire nazi, assumé à 100 %, est ce sur quoi se repose tout le métrage, avec ses nouvelles marionnettes nazis. Si en 2012 cela n’a plus rien de subversif, pour un homme né en 1951, c’est là sans doute un moyen d’exprimer une irrévérence désuète. Elle pourrait même se montrer presque touchante, si derrière la démarche ne se reflétait pas un cynisme forcené au culot incroyable, à l’image de la carrière d’un producteur atypique et quasiment unique dans la production hollywoodienne post-80's.


Finalement, le plaisir principal reste de retrouver un Charles Band au niveau d’un Charles Band. C’est naze, mais fun, les finitions des marionnettes sont ratées, comme en témoignent les créateurs des effets spéciaux présent sur le tournage, confirmant que de nombreuses idées furent abandonnées par manque de temps et d’argent. Et c’est ça la marque Band, de l’urgence, de l’économie, avec une envie de satisfaire quelques cinéphiles qui se demanderont certainement ce qu’ils foutent devant ces films… Mais quelque part, ça marche, la magie opère, et c’est également ça le cinéma : des instants de partages (peu importe le vecteur) qui permettent une connexion entre un auteur et son audience. Tout aussi pétée soit la démarche, à partir du moment où tout le monde s’y retrouve, c’est là l’important.


C’est avec un système qui ne change pas, hérité de ses modèles des années 50, comme William Castle ou Roger Corman, et qu’il fait perdurer, que Charles Band finit par s’imposer en mogul bizarre d’un cinéma disparu. Si cela fait bien longtemps que le succès n’est plus au rendez-vous, la multiplication des productions et leurs bas coûts permettent à Charles Band de continuer ses délires. Il les produit, les réalise même parfois, dans son coin, sans rien demander, en totale indépendance, et ce, depuis quatre décennies. Faisant désormais appel à la générosité des amoureu.ses de son art, par le biais du crowdfunding. Même les vieux producteurs s’adaptent, ce qui est une bonne ou une mauvaise chose, difficile de le savoir.


-Stork._

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le 21 août 2021

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