Pusher c'est le premier volet d'une trilogie exceptionnelle de Nicolas Winding Refn et accessoirement son tout premier film ... et pour un premier film, c'est une p***ain de claque.


Nicolas Winding Refn nous propose ici une plongée dans le Copenhague des années 90, un Copenhague crade et peu accueillant, à l'inverse de l'image d'une carte postale. Le film est tourné caméra au poing, façon film-documentaire, ce qui renforce l'immersion. C'est ce partis-pris de mise en scène, mais aussi la performance remarquable des acteurs, qui renforce tout de suite l'impression de réalisme. Le film est violent, l'ambiance est glauque, d'une noirceur rarement égalée (si ce n'est par ses deux suites qui vont encore plus loin dans le jusqu'auboutisme) et qui préfigure le style du réalisateur.


Personne d'autre que lui-même parle mieux de son cinéma : "L'art est un acte de violence. Je m'intéresse aux extrêmes, un mélange de poésie et de violence." Et surtout, il arrive parfaitement a mettre en images ses idées et ses principes de mise en scène, tous ses films rentreront par la suite dans cet esprit. Cette noirceur âpre et crue ne peut pas plaire à tout le monde, du cinéma "sensitif" où le côté viscéral du spectateur est mis à rude épreuve. C'est du cinéma un brin hermétique, mais si on rentre dans son jeu et si on se laisse porter par sa vision d'auteur, alors c'est un régal.


Dés son premier film, on ressent le besoin d'écrire des personnages forts, un cinéma qui se concentre sur les personnages. Notre héros Frank, petit dealer malmené par la mafia locale, est pris dans un engrenage infernal. On souffre littéralement avec lui au fur et à mesure qu'il s'enfonce dans une situation insolvable. C'est la grande force de Nicolas Winding Refn, nous emporter dans son récit et susciter en nous de l'empathie pour des personnages de prime à bord répugnants. Sans être exceptionnel, Kim Bodnia est convaincant dans la peau de Franck, mais ce sont surtout les seconds couteaux qui impressionnent.


La palme de l'excellence est attribuée à Mads Mikkelsen dans le rôle Tonny, l'ami de Frank, et à Zlakto Buric dans le rôle de Milo, le baron de la drogue serbe. D'ailleurs Nicolas Winding Refn ne s'y trompera pas, puisqu'il fera de Tony le personnage principal de Pusher II, puis Milo dans Pusher III. Chaque film de la trilogie est raconté du point de vue du personnage principal, à chaque fois trois personnages différents mais qui ont un lien entre eux.


Bref Pusher c'est un film coup de poing, une œuvre parfaitement maitrisée, à l'ambiance particulièrement dérangeante et qui assurément marque les esprits.

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le 6 juin 2021

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lessthantod

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