Pyromaniac
5.6
Pyromaniac

Film de Erik Skjoldbjærg (2016)

Un jour il faudrait que je revienne quelques instants sur Backdraft, mon Ron Howard préféré – sans doute car je l’ai beaucoup regardé étant gosse mais aussi parce qu’il m’avait impressionné lors d’une revoyure furtive il y a quelques années – qui outre son ampleur mélodramatique, sa forte dimension fraternelle (Russell/Baldwin), son monde d’hommes aussi badass que gay friendly et ses nombreux élans héroico-pyromaniaques, offrait une vraie place au feu, comme s’il était le personnage central du film, monstre insaisissable se régénérant par-dessous les portes au moindre souffle de courant d’air, filmé avec autant sinon plus de passion que les valeureux pompiers chargés de son extinction, par son réalisateur américain.


 Tout ça pour dire que j’abordais Pyromaniac avec le souvenir du film de Ron Howard. N’ayant vu que le très dispensable Pioneer, d’Erik Skjoldbjærg, je ne m’attendais pas à grand-chose. Et une nouvelle fois c’est un film pas inintéressant sur le papier mais plombé par une mise en scène neurasthénique, avec de jolis plans de la campagne norvégienne ici, quelques impressionnantes scènes de feu là, mais d’une part tout est beaucoup trop bref et d’autre part ça se regarde trop le nombril : chaque mouvement de caméra est prévisible, chaque déplacement de personnage trop écrit, chaque silence beaucoup trop silencieux.
Sans parler de ces personnages mutiques et sans envergure qui traversent ce film finalement sans intérêt qui ne déroge jamais à son petit programme qu’on a compris dès les cinq premières minutes : Nous raconter qu’un jeune pompier, fils de chef des pompiers, brillant à l’école mais depuis très mal dans sa peau, très solitaire, très arc-bouté dans son cocon familial bourgeois, va prendre habitude à bruler des forêts puis des maisons, tout en éteignant les incendies avec son père et les volontaires du village, avant que tout cela n’éveille les doutes de ses proches et qu’il soit bientôt surveillé par une enquête policière. C’est tout. Et on s’en fiche globalement, c’est le plus triste dans cette affaire, ça ne débouche sur absolument rien qui éveille en nous la moindre curiosité ou émotion.
Alors certes, Backdraft et ses ressorts hollywoodiens bien bourrins ne brillait pas par sa subtilité, mais au moins ça vibrait, ça embrasait littéralement l’écran (On n’avait eu aussi chaud devant un écran, jamais senti autant le feu depuis les quelques saillies brulantes de L’aventure du Poséidon) et c’était constamment impressionnant (La séquence finale sur les passerelles d’un bâtiment industriel, notamment), c’était parcouru de larmes, de feu et sang, c’était presque un opéra ardent. Dans Pyromaniac, c’est plus ramassé, plus discret, plus norvégien et c’est finalement l’ennui qui gagne. Et pourtant, y a presque autant de musique illustrative que dans Backdraft, c’est dire.
JanosValuska
3
Écrit par

Créée

le 21 juil. 2018

Critique lue 786 fois

1 j'aime

6 commentaires

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 786 fois

1
6

D'autres avis sur Pyromaniac

Pyromaniac
YgorParizel
7

Critique de Pyromaniac par Ygor Parizel

Dans la longue liste des névroses humaines, la pyromanie n'a que très rarement eu voix au chapitre au cinéma. Il est donc intéressant de découvrir cette histoire inspirée d'un faits divers s'étant...

le 23 avr. 2018

Du même critique

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

32 j'aime

5

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

27 j'aime

6