Harry rencontre Sally et le film se concentre essentiellement sur ces deux personnages.

Chacun dans leur lit respectif, perdus dans un New-York sentimental, ils regardent Casablanca et son couple mythique Bogart / Bergman avant de s'endormir. Tous les deux cherchent l'amour à coups de rencards ratés et de rencontres ennuyeuses. Tous les deux ne voient pas qu'ils sont faits pour être ensemble alors que nous, spectateurs inactifs, savons qu'ils finiront bien par se rendre compte de l'évidence. Tout l'enjeu de cette comédie réside dans la manière dont les évènements vont se dérouler pour aboutir au fameux happy end. Parce que l'on ne nous trompe jamais sur la marchandise.
Ici pas de chantage affectif, pas de subterfuge scénaristique pour nous détourner, Harry rencontre Sally et le film se concentre essentiellement sur ces deux personnages. Sceptique avant de suivre cette aventure romantique, je me suis laissée emporter dans ce tourbillon. Et cela sans doute grâce aux caractères de nos deux protagonistes ainsi qu'à une mise en scène sans prétention mais efficace.

Sally est une fille moderne. Indépendante, elle est venue croquer Big Apple pour devenir journaliste. Ne cherchant pas le prince charmant, loin d'être une désespérée version Bridget Jones, elle semble plus proche d'une Carrie Bradshaw, la liberté sexuelle en moins affirmée. Lui est du genre attachant et horripilant. Leur première rencontre est une traversée des États-Unis en voiture pour rejoindre leur nouveau campus. Drague, discussions mouvementées, points de vue opposés...ils se détestent donc ils vont s'adorer dans quelques années.
Le tour de force de ce film est de faire de cette histoire banale et universelle, un homme rencontre une femme, une sorte de personnification propre à son époque de la recherche amoureuse : indépendance financière de Sally qui n'éprouve pas le besoin de se marier mais en a le désir secret comme une preuve suprême d'affection, divorce pour Harry et infidélité de son ex-femme. Finalement c'est peut-être l'une dès premières comédies sentimentales où le sexe faible détient une aussi grande part de libre-arbitre. Évidemment c'est lui qui court dans les rues de Manhattan pour lui avouer enfin son amour. Mais c'est elle qui l'a embrassé un soir de déprime, c'est elle qui l'a mis devant ses contradictions, c'est elle qui décide à quel prix il peut revenir dans sa vie.

Film sans doute générationnel, mais finalement qui ne tombe jamais dans la niaiserie fleur-bleue. Rob Reiner signe une histoire légère et assez joliment dialoguée, à l'image de son héroïne blonde : fantaisiste, exigeante et un brin romantique. Certaines scènes ont même le parfum lointain d'un Woody Allen allégé. Depuis 1989, d'autres ce sont essayés à la comédie sentimentale. Mais à cet exercice peu ont réussi. Peut-être parce que la première rencontre n'arrive qu'une seule fois et que l'histoire d'Harry et Sally n'est pas si anecdotique qu'on pourrait le penser.

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Auteur : Aurélie
LeBlogDuCinéma
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le 25 mai 2012

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