Robert Bresson fait très surement partie de mes cinéastes fétiches. Assez loin encore d'avoir tout vu, il y'a chez lui pourtant (et surtout dans sa mise en scène) une beauté indiscernable qui m'a bien fait comprendre que le cinéma n'est pas seulement une histoire de paroles et de sens, mais est bel et bien capable d'aller au-dessus de tout ca. La simplicité d'un geste traduit tout, un visage vaut mille mots. Quatre nuits d'un rêveur n'est surement pas son plus connu, mais de sa courte durée, il réussit à poser sur ses images un véritable sentiment de relance : celle de la recherche de la foi amoureuse capable de façonner un nouvel élan. Adapté des Nuits blanches de Dostoïevski, Bresson insuffle à ce film une puissante vie dans le paysage mouvementé qui entoure son récit : autant dans ce Paris des années 70 et sa calme et magnifique Seine, que dans la joie musical des nombreux hippies qui viennent illuminer les nuits. Il y'a finalement au bout de cette romance en quatre nuits une envie de simplement retrouver le sentiment d'aimer, de retrouver peut-être la beauté en l'humain et ainsi repartir mieux armé. Si Jacques compte sur son magnétophone, ses peintures et son voyeurisme pour exprimer ses mots enfouies, Marthe quant à elle tente de retrouver la flamme qu'elle aurait eu avec un jeune étudiant découvert en quelques heures il y'a près d'un an avant son départ pour l'étranger. Ces deux-là doivent se compléter, dans une dimension de quasi-apprentissage, comme s'ils furent poussés par le destin à l'image de cette rencontre au moment où Marthe est sur le point de se suicider. Quatre Nuits d'un rêveur est un film court, comme ses quelques nuits qui n'en paraissent finalement qu'une seule, mais qui concentre en lui-même toute la magie que Bresson emploie pour sublimer ses acteurs et ses récits qui accordent à l'Homme une dimension de grâce inégalable.