L'atout premier du film de Sorogeyen, ce sont d'abord les personnalités de ses deux flics. A l'heure où de plus en plus de réalisateurs ne prennent pas le temps de camper leurs personnages, Que Dios nos perdone nous offre, à l'instar des deux inspecteurs de La Isla Minima - un autre très bon polar ibérique - un duo d’enquêteurs aux personnalités riches et antinomiques.
A ma gauche, Alfaro. Un sanguin ! Pour le moins. Adepte du rentre dedans en guise de discussion et doté d'une patience proche de zéro, c'est d'abord un corps puissant et une grande gueule. Une personnalité en trompe-l’œil : la carapace et les outrances du personnages laissent bientôt entrevoir ici et là des faiblesses cachées.
Tout le contraire de Velarde. Lui, on voit tout de suite que quelque chose ne tourne pas rond : le regard fuyant, la parole bégayante, il ne semble pas gâté par la nature, du moins pour exercer sa mission consistant à poser des questions avec l'autorité requise. Ses difficultés avec la gent féminine et ses méthodes de travail psychorigides venant compléter un portrait à la limite de l'autisme. Mais là aussi, le bonhomme n'est pas taillé d'un seul bois. Velarde, au delà de ses failles apparentes - et qui se verront confirmées à plusieurs occasions au cours de l'histoire - est sans aucun doute, du fait de son opiniâtreté, de sa clairvoyance, le maillon fort de la chaine d'inspecteurs qu'il compose avec Alfaro et deux autre collègues de la Crime.
L'intérêt du film, dès lors, va en grande partie reposer sur la manière dont ces deux personnalités vont travailler ensemble et sur ce qu'ils vont nous révéler d'eux-mêmes - de leurs forces ou de leurs faiblesses - au gré des péripéties que livrera leur enquête.


Bien sûr, le film repose aussi sur un scénario solide quoique sans grande surprise : une histoire glauque, tortueuse dans un Madrid chauffé à blanc par la canicule et une visite papale pas du goût de tout le monde. Il s'appuie également sur une mise en scène qui permet au réalisateur espagnol de mettre en valeur son sens du cadre et des choix de narration parfaitement adaptés au récit. Bref, un thriller noir, très noir, on ne décroche pas deux heures durant.


Mais au final, je retiendrai surtout ces deux flics - Alfaro et Velarde - des personnages convaincants, avec de la chair et des tripes.


Histoire/scénario : 7/10
Mise en scène/réalisation : 8/10
Personnages/interprétation : 9/10


8/10 +

Theloma
8
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le 9 août 2017

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Theloma

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