Queer
5.8
Queer

Film de Luca Guadagnino (2024)

PITCH : Exilé au Mexique dans les années 1950, William Lee, un écrivain américain quinquagénaire, noie son mal-être dans l’alcool, la drogue et les aventures sexuelles tarifées. Obsédé par un jeune homme, Eugene Allerton, l'écrivain tente de le séduire.


Queer, la nouvelle réalisation de Luca Guadagnino, adapte le roman de William S. Burroughs. - Après Call Me by Your Name, Suspiria et Bones and All.


ETHOS-EGOS-PATHOS


ETHOS : Une mise en scène entre sublime et artificiel


La lumière inspirée des peintres flamands créée un faux paradis, un parti pris esthétique intéressant. Les décors sont somptueux mais parfois trop artificiels, comme la jungle de studio à la Indiana Jones. L’utilisation du 35 mm renforce la sensualité des étreintes. (Une bande son de bruit de bouche piqué à un film porno ?)

Cet univers visuel oscille entre le sublime et le kitsch. Une mise en scène sophistiquée, mais un scénario qui ne donne pas de place à l’évolution des personnages.


EGOS : Un antihéros dérangeant.


William Lee, interprété par Daniel Craig, semble avoir endossé le costume en lin de Dirk Bogarde dans Mort à Venise, absorbant la même fièvre et la chaleur du désir. A la différence que le personnage n’a pas d’évolution psychologique. L’absence d’empathie et le manque de nuance dans son interprétation révèle Daniel Craig en prédateur caricatural. Son partenaire Eugene Allerton, interprété par Drew Starkey, semble désincarné et trop passif. Son conflit interne n’est pas habité, rendant son personnage quasi inutile.


PATHOS : L’illusion du désir ou l’angoisse du vide


Un film qui met en scène un gouffre affectif impossible à combler. - Drogue, alcool, chemsex : une fuite en avant sans résolution. - Une sexualité qui ne mène qu’à la solitude. - La fausse quête mystique en Amazonie et la télépathie semble être un faux espoir, un conflit plaqué qui n’apporte qu’une bascule grotesque dans le récit. L’émotion ne passe pas : le public exclut le personnage principal au lieu de le comprendre.


Un regard figé sur le désir ?


Un film qui interroge la peur de vieillir seul. Guadagnino, à 53 ans, revisite-t-il ses propres angoisses ? Queer n’atteint pas la puissance émotionnelle de Call Me by Your Name malgré des plans visuels à l’identique. Ici, le désir ne s’exprime que par la consommation, sans mystère ni tension.

Une œuvre esthétiquement presque maîtrisée mais qui laisse le spectateur dans le rejet du personnage.


ModyBick75
4
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le 5 mars 2025

Critique lue 25 fois

2 j'aime

ModyBick75

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