Un péplum réalisé en technicolor par Mervyn Le Roy en 1951. Bien avant "Ben Hur" (de Wyler), "les Gladiateurs" (Daves) ou "la chute de l'empire romain"

Le scénario est tiré d'un roman du polonais Henryk Sienkiewicz dont il convient de préciser plusieurs petites choses. Il a été publié en 1895 alors que la Pologne n'existait plus ou pas encore, écartelée entre Prusse, Russie et un peu Autriche-Hongrie. Le nom de l'héroïne chrétienne Lygie n'est pas dû au hasard car les polonais au temps de Rome s'appelaient des Lygiens. Il y a donc un certain parallèle, non explicitement dit, entre l'histoire racontée et l'histoire de la Pologne qui défendait, à l'époque du roman, une foi catholique face aux religions hégémoniques luthériennes et orthodoxes.

Un truc qui m'avait surpris dans le roman, c'est l'inexactitude assumée de l'aspect historique (probablement voulu par l'auteur) que je resitue par principe quand je lis un roman qui s'appuie sur l'Histoire : l'incendie de Rome et la répression féroce contre les chrétiens ont eu lieu en 64. Néron quant à lui est mort en 68. Tandis que le romancier réunit tous ces évènements au même moment. Les suicides de Sénèque et Pétrone n'auront lieu que l'année suivante pour des motifs différents de ceux du roman. Erreurs qui seront reprises dans le film.

Revenons au scénario du film où on comprend bien que cette erreur était scénaristiquement plus goûteuse et signifiante en accentuant l'importance du massacre des chrétiens comme cause de la chute et mort de Néron. En vérité, Néron a largement eu le temps après de bâtir sa "domus aurea" sur les décombres de l'incendie de Rome, se re-marier avec la non moins fameuse et sulfureuse Messaline et d'en profiter, etc etc …

Si on fait abstraction de ces points (et de bien d'autres …), alors on est en face d'un splendide péplum.

D'abord la mise en scène est impressionnante que ce soit au niveau des costumes, de la nombreuse figuration, de la photographie et des décors. On s'y croirait !

Les scènes de poursuite de char sont bien construites. Les scènes de cirque notamment celle où le fidèle Ursus (Buddy Baer) combat le taureau sont impressionnantes de réalisme. De même les scènes où les chrétiens affrontent les lions en chantant des cantiques (qui semblent aussi être un anachronisme – c'est égal car cinématographiquement, c'est puissant)

L'histoire entre Vinicius et Lygie ne casse pas trois pattes à un canard mais c'est égal car Robert Taylor et Deborah Kerr sont très beaux et le spectateur que je suis ne demande qu'à y croire. Leur jeu est assez sobre et finalement plutôt convaincant. Même si ce n'est pas le plus beau rôle de Deborah Kerr qui reste, pour moi, l'inoubliable Terry de "Elle et Lui".

L'inusable Finlay Currie joue ici, avec son habituel talent, le rôle de l'apôtre Pierre.

Signalons aussi Leo Genn dans un Petrone courtisan mais finalement rendu bien sympathique. Là encore, très belle mise en scène de son suicide avec sa maîtresse Eunice. L'actrice qui joue Eunice, Marina Berti, a une vraie présence sur scène.

Mais celui qui crève l'écran c'est Peter Ustinov dans un Néron complètement déjanté en ami des poètes et des musiciens et en empereur illuminé mais couard.

Au final, c'est un très bon péplum flamboyant (Mille excuses pour ce mauvais jeu de mots). J'hésite entre 7 pour les inexactitudes historiques et 8. On va dire que le principal responsable des bases du scénario, c'est le romancier. Donc ce sera 8 !

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le 26 sept. 2022

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JeanG55

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