L'affiche reprend la typo de Le Mans 66, on met en avant Daniel Brühl (qui n'a en réalité que dix minutes de temps d'écran) en concurrent automobile comme dans Rush, le film essaie d'être un peu visible dans un paysage du film de voitures très en vogue (cette production fauchée de la Rai italienne doit s'intercaler entre un récent Gran Turismo et un très prochain Ferrari qui n'ont clairement pas le même budget)...et pourtant. Race for Glory a une promo qui ne vend pas le vrai film (plus l'histoire du Président de Lancia qui a redoublé d'inventivité pour grappiller le trophée de rallye 86 au mastodonte Audi, qu'un film de bagnoles sous testostérones...), a un timing de sortie catastrophique (qui lui assure un flop au box-office, et un oubli très prochain dans les mémoires collectives), mais pour ce qui est de nous faire goûter au charme (pas désuet, pour notre part) des anciennes courses de rallye, il en a sous le capot. Dans un contexte actuel de courses sur circuits avec vingt voitures identiques, des écarts de temps qui se comptent en millisecondes, sur des chronos numérisés, voici qu'arrive le film qui nous fait découvrir la chips à l'ancienne, plus irrégulière et incroyablement plus craquante : le chrono est ce gars assis dans sa chaise sur le bord de la route, avec un chronomètre en main, qui attend que le conducteur descende de sa voiture (avec un bruit de portière lourdingue, qui nous a rappelé notre première Titine) avec un calepin froissé, pour le faire valider au stylo. On s'est rappelé avec ce Race for Glory combien ce charme de l'ancien peut nous atteindre. Ajoutez à cela des écarts-temps généreux du fait des accidents fréquents, des avaries des voitures (qu'il faut réparer sur place, avec une camionnette, ce qui prend des heures !), des suivis d'étapes aux talkies-walkies capricieux, et vous avez le cœur du suspens, le vrai sport à l'état pur. Bien évidemment, Race for Glory ne parle pas que de calepins froissés et de gars sur leur chaise de pêche, il revient brosser le portrait (très librement inspiré, on nous le rappelle frontalement à la fin) d'un homme de course qui n'avait pas la meilleure voiture, pas le pilote le plus docile, mais qui a su gratter les points là où il le pouvait (en filoutant pas mal) sans jamais perdre de vue ses hommes (une jolie scène est celle où
il apprend que c'est peut-être la suspension de la voiture qui a envoyé le premier pilote dans le décor, et qu'il court à la fenêtre du deuxième non pas pour lui dire de rattraper le retard, mais pour le faire descendre de voiture, préférant le forfait assuré à un potentiel danger : un bon gars
). Alors, est-ce que le film est bien fait ? Pas vraiment : les plans de paysages (hors archives) sont parfois flous (sur une télévision, cela doit moins se remarquer, mais sur grand écran, on a les yeux qui piquent), les phrases du petit texte en préambule du film ne sont pas bien traduites (un peu "mot pour mot"), le montage alterné du film et de l'interview par une journaliste est étrange (les scènes déboulent un peu n'importe quand), et Daniel Brühl est l'attrait commercial qui n'a en réalité pas plus de place qu'un gentil caméo. Pourtant, avec son budget réduit caché (assez mal) par une flopée d'images d'archives toutes faites, avec son acteur principal plutôt bon, et surtout avec un immense amour du rallye à l'ancienne, Race for Glory est un modèle pétaradant gauchement, mais qui procure de vraies sensations de conduite. A ne pas envoyer trop vite à la casse !