Nous n'étions pas très rassurés après avoir vu le trailer de ce Rage, qui était il faut l'avouer assez immonde, monté et sonorisé de façon tellement cheap que l'on avait presque l'impression d'assister à une fausse bande-annonce parodiant le genre. Heureusement, il semble que les rushes de base aient servi à le faire, car le résultat final est bien plus flatteur, avec un étalonnage de couleurs les rendant chaudes, renforçant les contrastes et offrant des noirs profonds, révélant un gros travail de post-production.
Passé cet aspect technique, le film est dans les grandes lignes un hommage au Duel de Steven Spielberg, qui est sans nul doute l'un des thrillers les plus imaginatifs et angoissants que le 7ème art ait pu engendrer. Pas évident de servir une base similaire sans que le spectateur n'ait envie de crier au plagiat facile, mais heureusement, le réalisateur et scénariste Chris Witherspoon avait plus d'un tour dans son sac. L'œuvre de Spielberg reposait sur deux points clés, « qui est cet homme ? » et « pourquoi fait-il cela ? ». Witherspoon réutilise ce concept, sauf que notre protagoniste semble comprendre très vite qui est le maniaque, l'ex de sa maîtresse, qui veut ici se venger. Les provocations vont bon train, débutent très rapidement, et sont menées de main de maître, et entre la quinzième et la vingtième minute la tension est montée à un niveau tel que l'on retiendra sa respiration tant la crispation atteint le paroxysme. Les accalmies viennent faire redescendre la pression, puis l'escalade continue, avant de finir avec un dernier tiers qui flirte avec le slasher, et ce à grands renforts d'hémoglobine.


Bref, Rage est une production étonnante, cheap par certains aspects (la musique est peu recherchée, pour ne pas dire ignoble), mais le montage dynamique et l'enchaînement de situations angoissantes ne laissent presque aucuns répits au spectateur qui oubliera finalement ces détails techniques. Il ne fallait de toute façon pas se leurrer, filmer des courses poursuites en pleine ville a très vite fait de bouffer le budget anorexique du film, plafonnant à 100.000$, ce qui est un véritable tour de force. On n'oubliera d'ailleurs pas le casting relativement efficace, avec des protagonistes crédibles, si ce n'est les voisins, qui ont l'air d'avoir été embauchés au dernier moment et de n'avoir suivi aucun cours de comédie.
Witherspoon aimait donc le film de Spielberg, ce qu'il n'omettra pas de mentionner, lorsque deux clients en train d'attendre chez le garagiste en parleront, le décrivant comme étant probablement le film le plus angoissant de tous les temps. Mais Witherspoon se devait de remanier la formule et ne pas servir un simple copier/coller, et offrira quelques rebondissements bien sentis, et c'est sans aucun doute une certaine passion pour le slasher qui l'aura poussé à aller dans cette direction durant la dernière partie.
Espérons donc le meilleur à ce film qui le mérite, et bien qu'il ne soit encore sorti sous aucun média, n'a cessé de faire parler de lui aux différents festivals où il a été présenté.
Pour conclure, les fans de Duel, mais aussi de plasma sanguin auront un mix largement satisfaisant et absorbant son public à un point tel que la bobine file à toute vitesse. Les plus tatillons et moins réceptifs au genre ne pourront quant à eux s'empêcher de s'attarder sur les détails techniques et interprétations pas toujours très justes.
Mention spéciale pour l'explication finale, inattendue, évidente, mais pourtant à mille lieues de tout ce qui avait pu nous travers l'esprit en visionnant le film.

PS: merci à Chris Witherspoon pour nous avoir fait parvenir le dvd de pre-release.
SlashersHouse
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le 3 janv. 2012

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