Ce film biographique raconte la vie de Jake LaMotta, un boxeur américain surnommé le Taureau enragé, qui au cours de ses combats n’a jamais été mis KO. Considéré comme l’un des meilleurs films des années 1990, à juste titre, Raging Bull s’illustre également comme l’un des films sur le sport (et la boxe) le plus réussis, selon moi, largement au-dessus du très surestimé Rocky.


Sans aucun doute, ce film est un chef d’œuvre de sincérité, narrant sans phare les dérives de la discipline (match truqué), et les difficultés que rencontrent les champions, notamment dans le cadre professionnel. L’histoire est celle de Jake LaMotta, elle nous permet d’apprendre que tous les champions ne sont pas des modèles de vertu à l'image de Rocky Balboa, bien au contraire. LaMotta est un homme abject, violent, jaloux, il est tout simplement horrible. Ses ambitions le mènent certes à la récompense ultime, celle de rentrer dans la postérité pour son parcours de légende, mais font de sa vie une longue descente aux enfers.


On ne va pas se mentir, le film est très violent. Lorsque Jake entre en rage et s’acharne sur ses adversaires, on assiste à des séquences à la limite du supportable, avec de gros plans sur les arcades qui explosent, ou bien sur le sang qui recouvre le public, bref, il faut parfois avoir le cœur bien accroché. Certaines scènes nous font littéralement mal, comme lorsque Jack s’évertue à exploser ses poings et son crâne contre un mur en béton, ouille ouille ouille…


Je n’ai trouvé que des qualités au film, l’histoire est prenante, les personnages sont fascinants, que ce soit Jake et ses problèmes d’ordre psychique, ou l’étrange Cathy, d’un calme remarquable. L’ambiance du film, sa musique, son esthétique sont autant d’aspects réussis. Les scènes de combats rendent très bien, avec des effets ingénieux, bien loin des chorégraphies médiocres et vides de Rocky (pauvre Rocky, décidément je ne l’aime pas du tout). Au final, le film a du sens, et c’est surtout cela que j’ai apprécié.


Un petit mot tout de même sur les acteurs. Robert De Niro est vraiment étonnant dans ce film. Je l’ai adoré. Son jeu est quasi schizophrène (franchement, je ne sais pas pourquoi je sors ce mot, mais j’ai l’impression que c’est ce qui colle le mieux au sentiment que j’ai ressenti en le voyant). Il semble là, présent en chair et en os, jouant son rôle, mais on a aussi l’impression qu’il joue un autre rôle dans le rôle, avec des moments où il bascule dans des interprétations invisibles et pourtant transcendantes l’écran (je n’arrive pas à l’expliquer plus justement). Il a des absences dans sa présence, des instants fous qu’il incarne de manière magistrale. Franchement, il est sublime dans ce film. Cathy Moriarty est parfaite dans son rôle. Elle assume une force tranquille, amoureuse et victime dans un même temps.


Bien sûr, j’ai trouvé ce film remarquable. Bien sûr, il s’agit d’un chef d’œuvre des années 90. Cependant, je n’ai pas eu le coup de cœur, et honnêtement je ne l’attendais pas vraiment. Je dois dire que les remarques sexistes et homophobes des personnages m’ont souvent refroidie dans mon élan. Si l’image colle de manière peu subtile, machiste, virile et gonflée à la testostérone, à l’univers de la boxe, c’est en ce qui me concerne le genre d’ambiance qui me désole un max. Mais je ne peux clairement pas considérer cet aspect comme un défaut de la production, c’est seulement un détail qui me fatigue à titre personnel. Quoi qu’il en soit, le film est grandement réussi, et s’il ne m’a pas fait vibrer, je lui reconnais de nombreuses qualités.

Casse-Bonbon

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