Contradictions

Après avoir vu et revu ce film je n'arrive toujours pas à prendre parti, contrairement aux personnages principaux dont le principal objectif, jusqu'à l'obsession, est précisément de prendre un parti (non plus une opinion, comme moi, mais un parti conjugal cette fois).

Trois catégories de personnages tiennent place dans cette histoire : les rationnels, en général mus par la préservation des intérêts et la recherche de la fortune (nous sommes dans la gentry anglaise de la fin du XVIIIe siècle, ne l'oublions pas) ; les toqués, à la fois insupportables et chichiteux (notamment les personnages principaux) ; enfin les gens à peu près normaux (il n'y en a que deux : la mère des deux héroïnes et sa fille benjamine, qui n'aime rien tant que s'abstraire du monde des cinglés pour se nicher dans une cabane sur un arbre, ou plus prosaïquement sous la table).

Durant deux heures nous supportons le conflit entre les rationnels, perfides, et hautains, et les toqués, sentimentaux éplorés, honnêtes mais constamment ridicules ; s'ajoutent bien sûr les désespérants dialogues des toqués entre eux, à tire-larigot et à tire-larmes. Le pompon revenant ici à Hugh Grant sans contestation possible...

Malgré un tel tableau d'ensemble, il faut voir ce film plastiquement magnifique, où la nature fait corps avec les sentiments des personnages (autant dire qu'il fait beau ou qu'il pleut, pas de milieu !), et d'une extrème fidélité au roman de Jane Austen.

En tout cas pour ma part, je le reverrai avec plaisir, mais irrité et contrarié ; c'est ainsi !