Le Vol de l'histoire par farfelouf

Malgré une belle leçon d'historiographie et des connaissances approfondies de celui qui à la fois a beaucoup vu et beaucoup retenu, le livre manque de nuance sur le travail d'autrui. Il met notamment au pilori de grands auteurs comme Joseph Needham ou Fernand Braudel, avec un parti pris parfois irritant. Ce dernier, en particulier, est accusé de promouvoir une vision européano-centriste de l'histoire, au détriment de l'histoire de la Chine ou de l'Inde. Regardez juste la page 111 du volume 2 de "Civilisation matérielle, Economie et Capitalisme" : "Les régions peuplées du monde, en proie aux exigences du nombre, nous semblent proches les unes des autres, comme à égalité ou peu s'en faut. Sans doute un léger écart peut-il suffire pour qu'émergent et se confirment des avantages, et par suite des supériorités et donc, de l'autre côté, des infériorités puis des sujétions. Est-ce ce qu'il s'est passé entre l'Europe et le reste du monde ? Il est difficile de dire carrément oui ou non, et de tout expliquer en quelques mots. Il y a, en effet, une inégalité "historiographique" entre l'Europe et le reste du monde. Ayant inventé le métier d'historien, l'Europe s'en est servie à son avantage". Et voilà, c'est dit plus court et bien mieux que Goody, sans acrimonie ni jeter la pierre à quiconque. Et ça, c'est bien moins à la mode, mais finalement plus classe.