Film Reagannien = révisionnisme et film pro maccartisme !

Discours du 18 Aout 1980, un certain Ronald Reagan déclarait haut et forts que si la guerre du Viêt Nam avait été perdu, c'est à cause des bureaucrates mous et corrompus !

Mais il prend bien soin de ne pas rappeler "l'incident douteux" du golfe du Tonkin. Qui doit on le rappeler, était une attaque inventée de toute pièce afin de faire croire que des torpilleurs nord vietnamiens ont osé tiré sur deux destroyers américains. Sauf que malheureusement : un rapport rendu public en 2005 par la National Security Agency, indique qu'il n'y a pas eu d'attaque nord-vietnamienne. Des officiels de l'agence ayant caché auprès de l'administration Johnson l'erreur de la NSA, une résolution prévue depuis de longs mois put être présentée au Congrès, afin de donner au président des États-Unis les pleins pouvoirs militaires pour déclarer la guerre à la République démocratique du Viêt Nam et engager résolument son pays dans la guerre du Viêt Nam.

Mais cela n'a pas empêché un premier volet des aventures de Rambo d'exister. Montrant au passage de mauvais américains malmener un ancien combattant. Et le pire : c'est que le film prend parti pour ce dernier. Plutôt que de nous offrir un débat qui avance des faits pour décrédibiliser son engagement ainsi que celui de ces frères d'armes morts au combat. Sans compter que dans la fameuse scène final de ce film, le personnage interprété par Stallone reprend la phrase du discours de Reagan noté en début de critique.

Dans ce deuxième volet, Rambo emprisonné se voit offrir l'opportunité pour une mission secrète de retourner au Viêt Nam. "Cette fois, on y va pour gagner ?" demande t'il fièrement à son fidèle colonel. Ce qui place bien le coté revanchard de la chose dès la première scène !

Une fois en Asie, dans un pays surement frontalier. Rambo découvre son ordre de mission (donné par un bureaucrate qui a déjà dirigé des batailles perdues durant le conflit à l'époque et qui par dessus le marché se moque du personnage principal) : prendre des photos de prisonniers américains portés disparus et revenir sans se faire repérer. Le tout avec l'aide d'une agent sud vietnamienne (bah voyons) pour le guider dans ce territoire "hostile".

Sauf qu'après avoir pris ses photos, Rambo n'a pas meilleure idée que de placer des explosifs plein le camp et d'aller récupérer un prisonnier américain en guise de preuve. Mais une fois arrivé sur son lieu d'évacuation, le bureaucrate décide de laisser Rambo et le prisonnier sur place. Ce qui entraine la capture de ces derniers.

De retour au camp, on nous montre des soldats russes qui dirigent l'endroit en sous main et qui vont violement interroger notre super soldat invisible. Histoire de bien nous montrer que l'U.R.S.S : c'est "l'empire du mal" (comme a déclaré Reagan en 1981).

Mais l'agent sud vietnamienne réussit à s'introduire dans le camp pour libérer le bon soldat américain. Cependant elle se fera tuer après une traque dans la jungle qui durera toute la nuit au passage. A noter qu'avant qu'elle ne se fasse tuer, on a droit à une scène de baiser improbable entre elle et le super gentil soldat américain. Avec des dialogues carrément lunaire comme "emmène moi aux Etats Unis" ! Bah voyons !

Sauf que cet acte aura pour effet de déclencher une vague de violence volontaire chez Rambo. Qui tuera à lui seul tous les nord vietnamiens armés dans le périmètre, ainsi que les russes. Je passe sur les raccords soleil et pluie, car c'est du nanar on va me dire (avec 44 Millions de Dollars, preuve qu'on est pas dans un film fauché comme beaucoup le pense). Pour enfin libérer et ramener en hélicoptère tous les prisonniers au lieu de départ de sa mission. En envoyant bien balader le bureaucrate mou qui a encore faillit lui faire perdre une énième bataille. Sans oublier le bon discours patriotique et Reaganien que Rambo balance à son ami le colonel : "Ce que je veux, c'est qu'on mon pays m'aime autant que moi je l'aime", pour aussi mettre un tacle au personnage du bureaucrate en disant : "ça on en veut pas !" ou un truc dans le genre. Pour au final, s'en aller au loin (là scène où il faut applaudir le héros, parce que c'est bien ce qu'il dit et ce qu'il a fait) le tout sur une chanson de son frère : le très célèbre Franck Stallone.

Donc voilà, un bon gros film de propagande dont seul Hollywood a le secret. Et qui aujourd'hui est glorifié tout en étant sorti de son contexte. Malgré une mise en scène calamiteuse de George Pan Cosmatos (qui a bien écouté les directives de Stallone) et servit par un musique de veau signé Jerry Goldsmith (qui reste la seule personne que j'estime dans ce projet, mais pas pour cette partition). Un bel objet Reagannien des années 80, dont Chuck Norris épuisera par la suite le filon avec la trilogie "Bradock : Porté Disparus". Heureusement que des films comme "Platoon" d'Oiver Stone, "Full Metal Jacket" de Stanley Kubrick et "Apocalypse Now" de Francis Ford Coppola existent pour contrer tous ça !

PS : pour la coupe du monde de football 2010, France 2 avait fait une annonce de ce film avec des commentaires de foot ! C'était excellent : https://www.youtube.com/watch?v=jCjO_B8VmSc.

Mais bon de nos jours ce genre de blague ne passerait absolument plus ! Le site de France télé se ferait bombarder de messages de protestations. Et les auteurs devraient passer chez Ruquier ou Hanouna pour rendre des comptes et s'excuser... Car il est devenu impossible, voir même interdit de penser ou de dire qu'on aime pas Stallone ou même d'en rire !

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le 1 mai 2024

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