Kong v Godzilla : le hors-d'oeuvre

Depuis Fast & Furious 5, Dwayne "The Rock" Johnson est devenu une référence dans le fait de ramener les foules dans les salles de cinéma; relanceur de franchises professionnel, on l'a vu, ces dernières années, s'afficher dans de plus en plus de sagas neuves ou en construction : relancement de Jumanji et Baywatch, création de la future franchise catastrophe San Andreas, nouveau fer de lance de Fast & Furious au point d'avoir droit à son propre spin-off.

Rampage - Hors de contrôle a ceci de particulier dans sa carrière qu'en étant inspiré d'un ancien jeu vidéo d'arcade, il n'était prévu que pour un blockbuster One Shot, pas comme une saga naissante. L'exercice a-t-il suffisamment fonctionné pour qu'on ait, de un, envie de revoir le film, puis de s'intéresser au jeu de base? Clairement pas. Explications.

Si le capital sympathie de The Rock justifie généralement le simple fait de se déplacer en salles pour voir ses films (encore plus que le nom du réalisateur ou le scénario même du métrage), il en est de même ici; comme d'habitude, son côté super-héros des plus humains intérieurement fait mouche; il joue une fois de plus le bon gars à coeur tendre qu'il ne faut pas chercher, le genre de sauveur de l'humanité suffisamment valeureux pour incarner le héros parfait.

Pour vous résumer l'affaire, c'est un peu comme si le héros du dernier Jumanji basculait dans le crossover de King Kong et Godzilla, un crocodile en plus; c'est spectaculaire, ça pète de partout (encore qu'il faudra attendre une vie pour voir un combat digne de ce nom), à la différence prêt que tout semble avoir été mis au point pour nous balancer un maximum de cgi en pleine face.

Ecriture stupide, mise en scène calibrée sans grande personnalité, acteurs livrant le strict syndical et bande son discrète à l'excès, les passages de dialogue ou de développement des personnages (aussi rares soient les occasions de nous parler des protagonistes) démontreront clairement que tout y est fait pour nous livrer le divertissement le plus bourrin et simpliste possible, sans sortir des sentiers battus.

En acceptant cela, peut-on toujours apprécier un cinéma que l'on pourrait qualifier de stupide et pétaradant? Difficilement, puisque Rampage manque de cette action qu'il nous promettait grassement; il faudra attendre la venue de la dernière demi-heure pour qu'arrivent les affrontements tant attendu, le reste étant plutôt mal rythmé; scènes pas forcément utiles, développement de bad guys insupportables au point d'en devenir parodiques (l'on est proches du film pour enfants tandis que l'humour colle plus aux adolescents pubères), clichés qui se superposent à la manière des briques dans un Tétris.

On suivra alors ce petit divertissement sans grande conviction, attendant justement ce fameux combat final déjà bien teasé par l'affiche et les trailers qui déçoit légèrement; non pas pour la beauté d'effets spéciaux grandioses, plus par la manière de filmer l'action qui manque d'ampleur, de superbe.

Et si Kong : Skull Island avait pour principale qualité de savoir filmer ses combats titanesques, nul doute que Rampage - Hors de contrôle aurait gagné au change d'aller y faire un stage. Ne citons pas les invraisemblances, la psychologie des personnages complètement stéréotypée et les dialogues bourrés de pathos déjà entendus dans une dizaine d'autres blockbusters du même acabit. Un petit divertissement pas bien passionnant qui aura coûté cher pour ce qu'il avait à nous offrir, ne servant que de hors-d'oeuvre avant l'arrivée du crossover Kong/Godzilla.