Cette critique est destinée à ceux qui ont déjà vu ce film, que je recommande chaudement aux autres.
Plusieurs histoires sont intéressantes pour moi dans cette tragédie.
La lâcheté d'un patriarche, le non-choix planqué derrière l'idéalisme.
Les premiers dialogues nous laissent comprendre que Hidetora Ichimonji est un ancien chef de guerre pur jus, qu'il a massacré ses opposants et a reigné d'une main de fer sur son clan. Aujourd’hui devenu plus agé et plus sage, il est davantage enclin à la tempérance et souhaite avant tout l'hamornie à l'intérieur et à l'extérieur de son clan. Alors qu'il est confronté à un choix, il décide de ne plus assumer ses responsabilités et de transmettre ce qui est devenu pour lui un fardeau.
Il s'est ramolli et considère que l'union de ses fils sera garante de la force qu'il a lui même perdue. Il présente à ses trois fils l'allégorie de trois flèches qui unies, ne se brisent pas à mains nues et expose son idéal: un pouvoir harmonieusement réparti entre eux, les dotant tous trois de moyens presque équivalents (un fief chacun). Il veut sauver l'harmonie entre ses fils et se garde de proclamer la supériorité de l'un d'entre eux et remet simplement à l'ainé le chapeautage du clan.
Il espère pour lui même une position indépendante, avec une garde autonome pour l'entourer pendant ses vieux jours.
Le bannissement de la vérité.
Face à l’allégorie présentée par le père, Saburo, fils au caractère franc et brutal déclare la sénilité de son père et la naïveté du projet de passation. A l'aide de son genoux (un élément extérieur à l'allégorie présentée initialement par leur père) il brise les trois flèches. Son reproche est que le patriarche tourne le dos à ce qui à fait son propre succès: l'incarnation sans conteste de l'autorité et le pragmatisme. Il le fait d'une manière qui nous révèle sa nature: avec force et certitude. Il est le reflet du jeune chef de clan qu'étais jadis son père.
La vérité fait mal et blesse, et rares sont ceux qui peuvent lui faire face. En pleine dissonance cognitive son père le banni du clan sur le champ.
Comme toute grande gueule, Saburo a un grand cœur, et il ne tournera jamais le dos à son père malgré ce bannissement.
La puissance d'une femme face à des hommes tout puissants.
Dame Kaede, ou le retour de bâton façon mawashi de Vandamme. Si elle n'était la survivante d'un massacre datant de la jeunesse conquérante du patriarche, sa juste catégorisation serait une perverse narcissique détruisant tout sur son passage. Vu qu'elle a une bonne raison, elle penche davantage du coté du stratège martial de chambre pur jus. Elle va assouvir sa vengeance en trois coups.
Boulette n°1: Faire peser sur Taro (nouveau chef de clan "officiel" dont elle est la femme) la menace rampante d'être une lavette aux yeux de tous s'il ne castre pas définitivement le Père. Cela mènera à la mort de Taro sur le champs de bataille, à rendre complétement fou le patriarche désormais mis à nu, et finalement à propulser Jiro nouveau chef légitime du clan.
Boulette n°2: Utiliser l'opportunisme coupable du deuxième frère, Jiro, contre lui-même. Elle suspecte qu'il soit impliqué dans la mort de Taro. Il sera désormais confiné au silence concernant son bourreau de belle sœur, devenue sa femme légitime. Elle va le soumettre physiquement et mentalement, faisant de lui son objet (tout se joue en une scène mémorable).
Boulette n°3: Finir le travail, lancer Jiro (l'opportuniste) contre Saburo (le pure), lorsque celui-ci tentera une mission "humanitaire" de sauvetage du patriarche déchu.
Parcours sans faute, le clan est anéanti...auto-détruit. C'est le seul personnage qui atteint ses objectifs. Elle participera même à refaire la peinture du château.