Range 15
Range 15

Film de Ross Patterson (2016)

Je suis souvent à la recherche de trucs bien crétins avec des zombies. Je n’y peux rien, j’aime ça. Et même si souvent c’est moyen, voire pourri, je tombe parfois sur des bobines bien rigolotes qui me font continuer à m’intéresser à la comédie zombiesque. Bah oui, ça me lave le cerveau pendant 1h30 et je peux continuer la journée de manière bien plus guillerette. Bon, sauf quand je tombe sur une purge comme aujourd’hui, où le visionnage aura été compliqué, provoquant même parfois un sentiment de gêne, de malaise. Pourtant, quand il s’agit de zombies, je suis de manière générale assez laxiste, je peux laisser passer beaucoup de choses. Mais là, avec Range 15 (2016), je n’ai pas pu, c’était au-dessus de mes forces. Putain que c’était pas bon. Et dès la première scène, on comprend où on a mis les pieds et qu’il va falloir être fort, très fort.


Le point de départ de Range 15 était que les scénaristes du film, d’anciens militaires de carrière, n’étaient pas d’accord avec la façon dont les militaires sont représentés dans le cinéma, aussi bien dans leurs comportements, dans les uniformes, que dans le maniement des armes. Alors avec des potes militaires accessoirement acteurs, dont Mat Best, célèbre youtubeur américain ayant 1.2 millions d’abonnés et qui fait des vidéos humoristiques ayant souvent trait à l’armée, ils se disent qu’il est temps de réparer cette injustice et de faire un film. Ils s’associent avec les marques de fringues Ranger Up et Article 15 Clothing, spécialisées dans je vous le donne en 1000 les fringues de guerre, et lancent une campagne de financement participatif sur Indiegogo pour un film appelé Range 15, qui est je vous le donne en mille, la contraction des 2 marques citées précédemment. Balèzes les mecs. Le but initial de la campagne était de récolter 325000 $US ce qui, en plus des 250000$US que chacune des deux compagnies de fringues allait injecter dans le projet, allait permettre de mettre ça en boite. Tout ce beau petit monde y alla à grand coups de messages publicitaires sur les réseaux sociaux, avec plein de produits dévirés à gagner pour ceux qui participeraient à la campagne, en plus du téléchargement gratuit du film lorsqu’il serait en boite et bien entendu son nom dans le générique de fin en tant que Producteur Exécutif. La campagne est un tel succès qu’il dépassa le million de dollars de recettes, devenant pour le coup la 4ème campagne ayant rapporté le plus de pognon sur Indiegogo. Ouais, super balèze les mecs. Cela va leur permettre d’étoffer leur casting avec des têtes connues du grand public comme par exemple William Shatner (la saga Star Trek), Keith David (The Thing, Mary à Tout Prix), Sean Astin (Le Seigneur des Anneaux), ou encore Danny Trejo (Desperado, Machete) pour des seconds rôles ou des cameos. Mais quand on voit le résultat, on ne peut s’empêcher de se dire intérieurement le fameux adage « Tout ça pour ça… ».


On constate très vite que Range 15 ne va jamais se prendre une seule seconde au sérieux et qu’il ne va chercher qu’à amuser la galerie avec une recette simple : des zombies, des gros baraqués, de la minette habillée très court, du gore, et des gags bien gras. Sauf que même en se préparant mentalement au spectacle auquel on va assister, l’échec a été cuisant du début à la fin. Mais que c’était nul. On sent bien que ça essaie d’être rigolo, mais ça ne fonctionne pas du tout. C’est vulgaire et beauf au possible avec 90% des gags qui tournent autour des organes génitaux masculins ou féminins (comme ça, pas de jaloux). Ça se balance des fions tout le long du film, ça grimace, ça fait les cons. Ah c’est certain que les acteurs semblent s’amuser comme des petits fous. Mais cet amusement n’est jamais communicatif tant c’est la plupart du temps exaspérant. Citons en vrac un personnage qui se balade tout le long du film avec le zguègue coincé dans une poupée gonflable car il y avait de la colle époxy dans un trou et qui va sans arrêt lui mettre des « coups de hanche » ; un autre qui se fait arracher le chibre pendant qu’il pisse par un zombie nain (pourquoi nain ? parce que) et qui revient quelques secondes plus tard pour lui mettre dans la bouche ; un autre qui tombe amoureux d’une zombie punkette bien gaulée, qui va s’accoupler avec sur un bar et qui va développer une relation amoureuse avec elle … Ah ah ah, quelle rigolade. Ouais, non, pas du tout en fait. Le paroxysme de la gêne étant atteint lorsque le film va tenter l’humour sur le handicap de vrais mutilés de guerre présents dans le film. On peut rire de tout, ce n’est pas un souci. Mais lorsqu’un gag s’attarde plus de 5 minutes non-stop sur une pauvre fille qui n’a plus de bras et qui essaie de ramasser comme elle le peut des clés par terre, ça devient vite lourd, voire malaisant.


Même lorsque le film s’essaie à la parodie, comme lors du passage faisant directement référence à Pulp Fiction ou celui qui renvoie à Machete, le seul rire qu’il génère, c’est un rire de gêne. Et c’est sans parler des passages out of the world d’une nullité affligeante. Faire administrer un vaccin par voie rectale afin qu’il agisse plus vite ? Pas un souci, on vous le montre. Se faire balader un ancien retraité du KFC (et accessoirement ancien militaire) à poil pendant 30 minutes du film sans que ça n’ait un quelconque intérêt, aucun souci, on met ça dans le film. Et c’est tout comme ça au point qu’on se pose régulièrement la question « Pourquoi ? ». Si tout cela était rattrapé par une mise en scène qui tient la route, ça pourrait presque s’excuser (quoi que…). Mais même pas. Pour son deuxième long métrage, Ross Patterson (Helen Keller vs. Nightwolves) livre un travail qui semble avoir été emballé à la va-vite. Le film est farci de faux raccords et la direction d’acteurs est inexistante. Le jeu du casting est pitoyable, et même les têtes connues, venues ici engranger un peu de pognon rapide, ne semblent faire aucun effort. En ce qui concerne les effets spéciaux, ils sont à l’image du reste. Les quelques fonds verts utilisés sont ultra voyants, et le parti pris pour le sang est le tout numérique (à part quelques maquillages). Et comme d’habitude, surtout quand il n’y a pas trop de pognon non plus, et bien c’est pas joli à voir à l’écran. Seule véritable consolation du film, ce sont les conneries qui sont racontées dans le générique de fin sur ce que sont devenus les personnages. Couplé au générique de fin lui-même sonnant le glas du film et vous obtenez sans doute le moment le plus fun de la bobine.


Range 15, c’est ce genre de bobine qui fait tout pour essayer d’être con et fun mais qui n’y arrive à aucun moment. Il en résulte une bobine beauf et vulgaire au possible qui n’arrivera même pas à nous décrocher un sourire tant le spectacle qui est proposé frôle constamment avec le navrant.


Critique originale : ICI

cherycok
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le 9 juin 2020

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