Ratatouille
7.3
Ratatouille

Long-métrage d'animation de Brad Bird et Jan Pinkava (2007)

Qu'est-ce que la critique ? Beaucoup pensent qu'il s'agit de donner un avis subjectif sur un domaine précis (cinéma, séries, jeux vidéos, bandes dessinées, littératures, peinture, sculptures etc). Je ne suis absolument pas d'accord avec ça, parce que donner un avis sur une oeuvre et critiquer une oeuvre sont 2 choses différentes. En effet, critiquer est d'aller plus loin qu'un simple oui ou non, mais comprendre le film, les intentions de bases de l'auteur, ce qu'il a voulu transmettre, comment il l'a fait et a-t-il réussi au final. Et il existe pas mal de films qui parlent de la critique. Mais rares sont ceux qui l'exprime avec une justesse comme Ratatouille et Brad Bird. En effet, suite à son coup d'essai injustement boudé à sa sortie, le Géant De Fer et le succès des Indestructibles, il se lance dans la production du film Ratatouille sur un rat cuistot. Qui s'avère tout aussi excellent que les précédents.



Un oiseau à Paris.



Brad Bird revient à la réalisation dans un film vraiment beau visuellement. La ville de paris est très reconnaissable et même si le film donne une vision assez vintage de Paris, il en distille une vision proche du conte. Ce qui est impressionnant est le fait que Brad Bird ne s'interdit pas les effets de mise en scène vraiment travaillée proche du film live. L'un des points que je trouve dommage avec le cinéma d'animation pour la plupart et l'aspect parfois 2D voir statique de l'animation. Pourtant certains animateurs et pas que chez Pixar arrivent à donner un aspect très cinématographiques avec les traveling et les long plans séquences. Je trouve ça dommage qu'on n'y retrouve pas plus ce style sachant que l'animation est un média où il est bien plus facile d'avoir ce style. De même l'aspect du film est vraiment cool avec des visages assez particuliers (bref rien à voir avec les Indestructibles) et la musique est certes clichée, mais rend vraiment bien (en même temps, c'est la France, les films qui ne nous présente pas dans le cliché se compte sur les doigts d'une mains. Il a fallu attendre Inception pour présenter Paris sans l'inévitable passage devant la Tour Eiffel. Même si pour Sense8 et Fallout c'était plus justifié, sauf le marketing de Fallout). Du coup, étant donné qu'on suit un rat dans se pérégrination, il était évident qu'il ne fallait pas filmer comme Basil Detective privé mais qu'on suit sa progression réelle. Tiens. Parlons en des personnages



De Rats d’Égouts...



Nous avons 2 héros pour ce film. D'abord Remy (Patton Oswalt/Guillaume Lebon) est un rat qui veut devenir cuisinier un grand chef français. C'est vraiment une alliance improbable mais qui est vraiment bien et intelligent (mais on y reviendra plus tard). Mais par delà le personnage vraiment sympathique, c'est la manière dont il est traité qui est intelligent. Bon ok, dans les faits, c'est le personnage de héro qui s'accomplie à travers d'un autre héro.


Tiens ! Parlons en de Alfredo Linguini (Lou Romano/Thierry Ragueneau) est un cuisinier de brigade timide et peu sûr de lui. C'est le héro au mille visage du film. La relation d'amitié qu'il entretient avec Remy est semblable à celui qu'entretient Cyrano et Christian (oui, en gros). C'est une relation qui a déjà été vue (une personne talentueuse qui met en avant quelqu'un de moins par un truchement), mais cela fait toujours plaisir. Et grâce à Remy, Alfredo va gravir les échelons et devenir le cuisinier qu'il souhaitait être.


Colette Tatou (Janeane Garofalo/ Camille) est un personnage de la love interest impressionnée par Alfredo, mais qui a du répondant et du bagou. Elle est inspirée d'une vraie cuisinière française : Hélène Darroze sacrée meilleure chef du monde en 2015 (et aussi une des jurys de l'émission Top Chef). Elle sera une aide précieuse pour Alfredo mais aussi pour Remy.


Skinner (Ian Holm/Julien Kramer) est le méchant. C'est un bon cuisinier certes mais beaucoup trop formaliste et condescendant envers Alfredo. Il est affreusement détestable et veut aussi capturer Rémy. Il est inspiré de Louis de Funès, ce qui rend le personnage vraiment plaisant à détester


Django (Brian Dennehy / Michel Dodane) est le père de Rémy. Parfois sévère mais toujours juste. Il demande à ce qu'il reste un rat et qui ne va pas dans des rêves insensés. Cela dit, il va mettre du coté de son fils dans le moment propice.


Et Émile (Peter Sohn/Pierre-François Martin - Laval) est le sympathique frère de Rémy qui est un bon soutien.


Les 2 autres personnages sont des éléments du public comme je les appelle. Il y a le mentor Auguste Gusteau (Brad Garrett/Jean-Pierre Marielle) qui apparaît dans les rêves de Remy et le Critique Anton Ego (Peter O'Toole !!!/Bernard Tiphaine) qu'on va y venir.



...A Rat Chef



Pourquoi j'ai parlé de la critique au début ? Parce que ce film est une allégorie d'un artiste et de son oeuvre. On parle de Remy qui est un rat, symbolisant tout ce qu'il y a de plus insignifiant et répugnant (pas comme dans les Feebles), qui veut devenir chef cuisinier. Dans les faits, c'est Hercules au travers le prisme de la cuisine. Sauf que ce film va bien plus loin. Remy permet à Alfredo de gravir les échelon et de devenir un artiste reconnu par son public et ses paires. On peut rapprocher d'un artiste qui prend un pseudonyme (genre moi qui me fait passer pour Real Cosmic M) et qui gravit les échelons et mène la cuisine et le restaurant à la renommer, là où il était dans un conformisme dicter par Skinner. Colette représente une partie de ses artistes ébahis par le génie d'Alfredo et Django le père qui ne souhaite pas que son fils accomplie son rêve. Mais il finit par prendre une réputation mais il doit convaincre Anton Ego, un critique impitoyable et sans concession. Un critique qui malgré tout finit par se laisser convaincre car il a trouvé l'étincelle de ce qui fait une bonne oeuvre. Bien évidemment, on est dans le prisme de la cuisine et contrairement à de très nombreux allégories, bah, il n'en oublie pas d'être logique


on le saura qu'un rat pourrait être reconnu comme chef sans que les dératiseurs ne fassent pas un petit tour et obligent au restaurant de fermer


Mais malgré tout, Rémy a réussi à accomplir son rêve grâce à Alfredo et Colette. Et ce film possède un passage du critique que j'aime beaucoup :



A bien des égards le travail du critique est difficile. Et pourtant
nous jouissons d'une position de supériorité par rapport à ceux qui se
soumettent avec leur travail à nos jugement. Nous nous épanouissons
dans les critiques négatives, plaisantes à écrire et à lire. Mais
l'amer vérité qui nous fait bien regarder en face, c'est que dans le
grand ordre des choses, le met le plus médiocre, à sans doute plus de
valeurs que le critique qui le dénonce comme tel. Il est pourtant de
circonstance que le critique qui prend un vrai risque; c'est lorsque
qu'il écoute et défend l'innovation. Le monde est souvent malveillant
à l'encontre des nouveaux talents et de la création. Le nouveau a
besoin d'amis. Hier soir, j'ai vécu une expérience inédite et dégustée
un plat extraordinaire d'une origine singulière s'il en est. Avancé
que ce plat et son créateur ont radicalement changé l'idée que je me
fais idéalement de la grande cuisine, serait peu dire. Ils m'ont
bouleversé au plus profond de mon être. Je n'ai jamais fait mystère du
mépris que m'inspirait la devise d'Auguste Gusteau : tout le monde
peut cuisiner.
Mais ce n'est qu'aujourd'hui, aujourd'hui seulement,
que je comprends vraiment ce qu'il voulait dire : tout le monde ne
peut pas devenir un grand artiste. Mais un grand artiste peut surgir
n'importe où.
Il est difficile d'imaginer d'origines plus modeste
que le génie qui officie maintenant chez Gusteau et qui est à nos
yeux, rien de moins que le plus grand cuisinier de France. Je
retournerai bien chez Gusteau, plus affamé que jamais.



Ce passage dit tout du film. Parce que par delà une histoire de personnages en quête de reconnaissance, nous avons une belle aventure qui pose un regard neuf sur l'art et la manière de l'appréhender par le prisme de la cuisine. Et ça, c'est classe.



A manger sans modération.



Bref, Ratatouille est un excellent film d'animation par Brad Bird, touchant, surprenant et intelligent. De plus c'est le dernier film d'animation avant qu'il ne tente l'aventure en live en donnant un nouveau souffle à la franchise Mission Impossible dans le 4e volet Protocole Fantôme. Que je vous conseille. Par contre, spoiler : je ne suis pas fan de ratatouille le plat. C'est comme ça !

Créée

le 10 août 2018

Critique lue 387 fois

6 j'aime

Neo Cosmic

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