Unanimement considéré comme l’un des pires films de science-fiction de tous les temps, Laserblast n’est pas le Star Wars de chez Wish comme certains aiment à le qualifier. Il s’agit au contraire d’une œuvre d’auteur libre, à la croisée des genres de cette génération. On y passe du road movie, à l’horreur pour teenager (Carrie au bal du Diable est notamment cité par le producteur comme principale source d’inspiration).
Les seules références à l’univers de Lucas se borneront à la présence d’une race d’aliens reptiliens, d’un fusil laser et d’une pancarte publicitaire que le réalisateur choisira sciemment de pulvériser. Laserblast s’ouvre et se clôt sur la traque d’un forcené. Entre les deux bouts de ce cycle infernal de violence et d’explosions, nous assisterons aux errances d’un adolescent misanthrope mettant la main sur une arme extraterrestre qui lui servira d’exutoire. En prenant sa revanche contre ses bourreaux (un policier bourru lui collant de multiples contraventions, ainsi qu’une brute locale et son sobriquet qui tenteront de violer sa petite amie), le personnage va alors se laisser consumer par une haine destructrice et se transformer en monstre d’homicide.
Evidemment, il ne s’agirait pas d’attribuer au film des ambitions contraires ou des velléités démocrates anti NRA sur la question du port d’armes aux Etats-Unis. Cette modeste production de Charles Band et Irwins Yablans ne visait qu’à alimenter le circuit des drive-in dans les doubles programmes. La présence de l’acteur Roddy McDowall va d’ailleurs dans ce sens puisque ce dernier a accepté de jouer un petit rôle pour aider à vendre plus facilement le film contre un cachet dérisoire de 300 dollars nécessaire à la réparation de son véhicule.
Si Laserblast dispose de nombreux effets pratiques, séquences en stop-motion et artifices, il n’aura fallu que trois week-end à son réalisateur pour le mettre en boîte avec un budget que l’on devine anémique. Le film de Michael Rae bénéficie également du savoir-faire de David Allen, l’un des meilleurs élèves du maître Ray Harryhausen. Cette première collaboration avec le producteur Charles Band fera date, puisque les deux compères travailleront sur de très nombreuses productions au cours des deux futures décennies (Empire Pictures, Full Moon Features). Ses tortues pachydermique affublées de blaster permettront d’insuffler un vent de fantaisie sur ce vaste panorama californien.
S’il fallait lui trouver d’autres arguments en sa faveur, nous pourrions arguer que Michael Rae a sût capturer l’atmosphère si particulière du southwest, le charme suranné des seventies, et dépeindre la liberté des mœurs d’une jeunesse bohème affublé de jeans troués et de pantalon en pattes d’eph. Les ados sirotant du coca-cola dans les stations service, se battent, copulent ou s’adonnent à des concours de virilité au volant de leurs cadillac et minivan. Le cadre désertique, la photographie crépusculaire, tout cela participait à faire de ce film un terreau fertile aux ados mal dans leur peau, désireux de lâcher prise.
En outre, il y avait quelque chose d’envoûtant à voir ce zombie lobotomisé tout détruire sur son passage dans sa frénésie meurtrière, tout cela sous la partition de Richard Band & Joel Goldsmith dont les synthétiseurs évoquent bien cette idée de mélancolie et d’épique parcourant ce funeste récit. Un film bis bien de son temps qui démontre une fois encore la prédisposition de Charles Band à tirer partie du moindre dollars dans chacune de ses entreprises.
Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !