Entre les zombies de George A. Romero (Zombie, Le Jour des Mort-Vivants), les démons d’Evil Dead, et les extra-terrestres anthropophages de Bad Taste, les années 80 furent considérablement propices au cinéma gore. Dans cette multitude de péloches tout azimutées, plusieurs grands noms vont ainsi émerger : Peter Jackson, John Carpenter, Sam Raimi, ainsi qu’un certain Stuart Gordon, directeur de l’Organic Theater Company de Chicago.
Ambitieux, Gordon souhaite adapter une nouvelle parodique de H.P. Lovecraft suivant les expérimentations et déconvenues du scientifique Herbert West. Cette œuvre de commande divisée en six segments reste assez anecdotique aux yeux de son auteur. Entreprenant d’en faire une série TV destinée aux chaînes de télévision câblées, Stuart Gordon et son producteur Brian Yuzna se ravisent finalement, pour en faire le sujet d’un long métrage, s’éloignant du matériau d’origine, ajustant le ton aux nombreux débordements gores et outranciers qu’ils souhaitent mettre en scène. Opportuniste, le producteur Charles Band impose la présence de Mac Alhberg son chef-op attitré, ainsi que son frère Richard Band à la composition.
L’université de Miskatonic est très heureuse d’accueillir son nouveau pensionnaire, l’étudiant Herbert West. Ce jeune prodige prétend pouvoir ramener les morts à la vie. Ces expériences ne sont pas vraiment du goût de son professeur Carl Hill, qui ne croit pas en la possibilité de telles balivernes. Pourtant, grâce à un sérum fluorescent de sa composition, il parvient à ramener un chat de son vivant.
Malheureusement, la recette ne semble pas encore totalement très au point puisque les animaux et personnes ressuscités sont pris de violentes crises de démence. Pour parfaire son procédé, Herbert West va se mettre à chercher des sujets plus «frais». Mais à force de jouer avec la vie, l’étudiant va laisser toute une horde de zombies déchaînés derrière lui et plonger l’école dans le chaos.
Le succès public de Re-Animator ne tient pas seulement à cette modernisation du mythe de Mary Shelley. Féroce et misanthrope, le film de Stuart Gordon tend à épouser la folie des grandeurs de son principal interprète en nous entraînant dans ses transgressions, s’enfonçant peu à peu dans une folie contagieuse. Jeffrey Combs interprète le tempétueux Dr Herbert West. Hautain et méprisable, son personnage fera tout pour arriver à ses fins.
En effet, Stuart Gordon n’hésite pas à heurter des sensibilités, passant du macabre, au burlesque absolu (notamment un cunnilingus sanglant restait à la postérité). L’horreur morbide dépasse tout entendement, les organes internes et intestins s’agitent frénétiquement aidé par les effets spéciaux de John Carl Buechler, et se mettent à attaquer les vivants lors d’un final apocalyptique. Incompris de son vivant, c’est bien dans la mort que le maître de providence H.P. Lovecraft trouvera ses lettres de noblesses auprès du grand public. Il y aura un avant, et un après Re-Animator.
Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !