Heaven or Hell!

[Festival du film coréen 2016 à Paris - Jury SensCritique]

Un reportage typé « Arte » assez intéressant, sans voix off pénible, où l'on suit le quotidien de plusieurs étudiants cherchant à tout prix réussir leur examens d'entrée à l'université. La société moderne étant plus confortable, les étudiants sont incités naturellement à étudier bien plus durement, étant donné qu'il n'y a plus de « survie » vitale, sauf par les études.
Et sans surprise, comme pour les étudiants japonais, tout est très dur, mais j'ai découvert ici une ampleur assez considérable. Là où notre BAC sera vite fait relayé sur quelques médias, l'examen coréen est un énorme événement national, quasi-religieux, où les avions sont interdits de passage pendant l'examen, où la police bloque la circulation sur 200m à la ronde autour des salles de passage. Les pubs fusent dans les médias (les résultats peuvent aussi passer par ce biais), jusqu'à en devenir un commerce. En effet, certains professeurs font carrément leurs promos via des publicités très « US » dans l'esprit, pour assurer aux élèves qu'avec eux, ils n'auront aucun souci.

Et qui dit événement national, dit pressions violentes et multiples :
Familiales : Les parents veulent que leurs enfants réussissent là où ils n'ont pas pu réussir.
Financières : Si un élève redouble, il doit se rendre obligatoirement dans une école spéciale payante pour redoublants (!), avec surveillance et rythme absolument militaire. Les activités sont diverses, mais peuvent même aller jusqu'à l'hypnose des élèves, avec du bourrage de crâne sordide .
Sociétale : Où si tu ne réussis pas tu n'es qu'un sombre raté, quelqu'un qui ne pourra jamais protéger ses proches (oui !).
« Être jeune, ce n'est pas s'amuser » disait un élève avec une voix enjouée.
Les métiers « manuels » sont aussi diabolisés. « Je ne vais quand même pas faire un boulot manuel, c'est honteux... » disait un autre élève.

Mais ce qui m'a doublement impressionné, c'est cette sacralisation voire divinisation incroyable de l'examen : Si on le réussi, on passe limite « divin ». En cela, le titre du film « Reach for the Sky », est parfaitement choisi, SKY étant le nom d'une école réputée.
Dans une telle société, il y a deux options pour ces étudiants : le Paradis (aller au ciel, « Reach for the Sky ») ou tout simplement aller en enfer et être un raté (certains étudiants dans le reportages l'ont souvent dit, qu'ils étaient ratés).
Cette sacralisation est parfaitement mise en valeur dans le reportage, notamment la veille et même la matinée de l'examen. Magnifique mise en scène où les prières des familles s'intensifient dans les temples, où les croix rouges des églises illuminent la ville, de plus en plus intensément alors que le Soleil se lève... Sur un examen de 8 épreuves intenses dans la MÊME journée. Où les parents, accompagnés de shamans ou non, continueront de prier parfois sans discontinuer...

« Reach for the Sky » fut pour moi un moment très intéressant, même si je regrette de ne pas avoir de témoignages de jeunes ayant réussi autrement que par voix universitaires élitistes, pour contre-balancer un peu et étendre les possibilités proposées par la société coréenne. Car je suis certain qu'elles existent.