Ready Player One était un pari extrêmement risqué. Déjà puisque les films proposants moult références à la pop culture en oublient souvent d’avoir une identité propre, en se contentant la plupart du temps de jouer la case fan-service à tout va. Mais surtout puisque les spectateurs sont d’autant plus sévères lorsque l’on touche aux divers univers qui les passionnent.
De plus, les différentes bandes-annonces n’étaient guères rassurantes quand au contenu du film, nous montrant exclusivement un enchainement de références sans trop de rapport entre elles, nous laissant penser que l’œuvre serait plus une espèce de musée cinématographique dans laquelle des dizaines voir des centaines d’univers différents y serons exposés.
Je vous rassure, si Ready Player One aime faire plaisir au plus grand nombre en proposant des références aussi variées et nombreuses, il n’en oublie pas pour autant de développer son propre style, pour se placer en tant que véritable chef d’œuvre, méritant amplement sa place auprès de Jurrasic Park ou d’Indiana Jones, explication.
Dans un futur assez proche, la population est devenue terriblement pauvre, et est ainsi contrainte de vivre entassée dans ce qui peut être qualifié d’immeuble de mobile-homes et caravanes. Dans ce monde ou tout part en vrille, une alternative est cela dit possible : l’oasis. Un monde virtuel dans lequel la population s’immerge via des casques VR (beaucoup plus perfectionnés que les nôtres bien-sûr) afin d’oublier leurs tracas quotidien.
C’est ainsi que le film va justifier la quasi-totalité de ses références pop, puisque chaque personnages, armes, ou véhicules venant d’une autre œuvre est en réalité un skin ou un objet d’équipement d’un véritable joueur. Voir une Lara Croft ou un soldat de Halo n’est donc en rien choquant et devient complètement naturel au fil du film. Les références sont tellement riches qu’il est absolument impossible de toutes les trouver. Mais malgré cette grande richesse de références, elles restent tout de même relativement discrètes pour la plupart, et s’intègrent à la perfection au scénario.
Puisque oui, le film raconte une véritable histoire, parfois maladroite et cliché certes, mais avec une volonté de bien faire, tout en faisant passer des messages pertinents sur les jeux-vidéo et autres médias culturelles.
Prenons par exemple l’antagoniste du film, malgré un caractère caractéristique de grand méchant, ses motivations (comme bombarder les joueurs de publicités durant ses parties ou proposer un système de micro-transaction offrant divers avantages) sont appropriées au monde du jeux-vidéo, et font malheureusement déjà parties de notre paysage vidéo-ludique actuel, ouvrant de grands débats sur le sujet.
Ce film est une lettre d’amour aux jeux-vidéo, au cinéma, aux mangas et même à la littérature. Il critique ce qui doit être critiqué, et fait les éloges des aspects les plus positifs de ses différents médias. Ready Player One est un film d’auteur. Un film d’auteur à gros budget certes, mais reste tout de même un film d’auteur.
Cette œuvre nous invite à entrer dans la tête de Spielberg, à comprendre son avis sur différents sujets actuels de notre société, à connaitre ses passions, ses admirations et ses diverses inspirations de réalisateur.
Mais attention, malgré le parfait mélange entre film à gros budget et cinéma d’auteur, les défauts sont quand même bien présents : personnages caricaturaux, incohérences scénaristiques….cela ne gêne en rien l’appréciation de l’œuvre, mais peut tout de même parfois agacer les plus pointilleux d’entre vous.
Ready Player One n’en reste pas moins une œuvre épique, pertinente et émouvante, et puis vous n’allez quand même pas passer à coté d’un film mettant en scène la Delorean, la moto de Kaneda et la Batmobile, si ?