Rebecca
7.6
Rebecca

Film de Alfred Hitchcock (1940)

1940. Hitchcock occupe confortablement une place cardinale dans le cinéma britannique. Voilà, alors que l’Europe croule sous les conflits de la Seconde Guerre Mondiale, que David O. Selznick (producteur et auteur de Autant en emporte le vent), l’invite aux États-Unis pour y réaliser des films dans son studio.

Rebecca, adapté de Daphné du Maurié, signe donc l’introduction d’Hitchcock dans l’industrie hollywoodienne. De l’aveu du cinéaste, l’expérience fut pour lui profitable mais assez pénible. Le contrôle de Selznick et ses désaccords avec le réalisateur firent, d’emblée, détester le producteur à Hitchcock. Dans de telles conditions, Rebecca aurait du, de droit, souffrir d’incohérence. Le film en sort pourtant grand, du niveau des œuvres les plus accomplies de l’auteur.

Il y a 2 grandes périodes hitchcocko-états-unienne : celle du début des années 40 (Soupçons, La Cinquième colonne, La Maison du Docteur Edwardes, Les Enchaînés) et celle de la deuxième moitié des années 50 (Fenêtre sur cour, Mais qui a tué Harry ?, Sueurs froides, La Mort aux trousses). Rebecca signe donc l’ouverture du premier pan. Mouvements de grue élégiaque, raccordant sans césure gros plan d’une serviette de table et plan d’ensemble d’une salle à manger aristocratique, flottant dans le décor comme une steadycam avant l’heure, mise en perspective des personnages (la première apparition par la gauche du champ de Mrs. Danvers est terrifiant), la mise en scène conjugue une lumière frénétique dans sa composition éclatée à une narration magnifiée par la musique délicate –quoique quasi-omniprésente- de Franz Waxman.

Rebecca partage de nombreux enjeux dramatiques avec toute une tradition du cinéma hollywoodien, le Laura de Preminger et le Secret derrière la porte de Lang. Film matriciel de ceux-là, Rebecca réussit à donner une ampleur dramatique et visuelle que les autres n’atteignent qu’à force d’effort psychologique. Si, en bien des points, le cinéma de Preminger surpasse celui d’Hitchcock, il faut avouer que Laura s’efface éminemment devant Rebecca.

YasujiroRilke
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Alfred Hithcock et Top Oscar du Meilleur Film

Créée

il y a 3 jours

Critique lue 2 fois

1 j'aime

Yasujirô Rilke

Écrit par

Critique lue 2 fois

1

D'autres avis sur Rebecca

Rebecca
Vincent-Ruozzi
9

Rebecca, l’immortelle défunte

Rebecca est l’adaptation du roman éponyme de Daphne du Maurier. Il s’agit de la seconde adaptation d’Alfred Hitchcock d’une œuvre de cette romancière britannique après avoir réalisé seulement un an...

le 24 avr. 2017

50 j'aime

11

Rebecca
m-claudine1
10

Romantisme et suspense

La rencontre de Daphné du Maurier, spécialiste des grandes histoires romantiques et d'aventures de l'Angleterre du 19ème siècle, et du maître du suspense Alfred Hitchcock peut sembler surprenante. De...

le 3 oct. 2020

44 j'aime

37

Rebecca
chtimixeur
7

Le fantôme de Manderley

Le tournage de ce premier film américain ne fut pas de tout repos pour Alfred Hitchcock : alors qu'il pensait être enfin libre de réaliser des longs métrages comme il l'entendait, Hitch dut vite se...

le 23 janv. 2012

37 j'aime

8

Du même critique

Les Chatouilles
YasujiroRilke
4

Critique de Les Chatouilles par Yasujirô Rilke

Indispensable pour son sujet et ce qu'il témoigne des violences sexuelles faites aux mineurs. Mais, comme objet de cinéma, hormis les inventions exportées du théâtre, il n'invente rien. Et...

le 20 nov. 2018

9 j'aime

8

L'Homme fidèle
YasujiroRilke
3

Critique de L'Homme fidèle par Yasujirô Rilke

De la Nouvelle Vague d'où L.Garrel tire sa filiation, il n'en reste ici que peau de chagrin. Exit la légèreté, le dilettantisme, la gracilité de Truffaut ou Rohmer. Bonjour le sérieux de pape d'un...

le 7 janv. 2019

9 j'aime

Rythmes et botanique (EP)
YasujiroRilke
8

Critique de Rythmes et botanique (EP) par Yasujirô Rilke

La puissance de cet EP, derrière la modestie de son contenu, tient à la sagace composition de ses beats, entre rap, hip hop et dubstep franc, et à la plume aiguisée et percutante de son auteur,...

le 25 mai 2017

8 j'aime

1