Cinq ans après le magistral Harakiri, le cinéaste japonais Masaki Kobayashi explore une nouvelle fois les thèmes du Japon féodal et du culte de la tradition dans Rebellion. Le film raconte l'histoire du samouraï Sasahara, incarné par le légendaire Toshiro Mifune, dont la famille est prise dans le piège d'une intrigue de palais.
Le shogun exige en effet que le fils de Sasahara épouse une ancienne courtisane déchue avant de réclamer à nouveau sa présence auprès de lui. Le fils de Sahara et sa nouvelle épouse s'opposent néanmoins à cette injonction et Sasahara va prendre la décision de se rebeller contre son propre clan préférant prendre la défense de la pureté des sentiments face à la brutalité des traditions.
Tout comme Harakiri, Rebellion est d'une beauté formelle exceptionnelle. Chaque plan est un chef d'oeuvre de cadrage et de mise en scène. Le film parvient très bien en particulier à retranscrire sur l'écran le poids et la lourdeur des hiérarchies sociales du Japon féodal. Les différentes scènes d'audience illustrent à la perfection comment ce système peut oppresser les individualités.
La gestion du rythme est également une grande force du film, à l'instar de Harakiri. Il faut attendre la dernière partie du film avant de voir un combat de sabre. Tout le reste du film sert à faire monter une tension et un sentiment de révolte qui gagne en puissance à chaque séquence. L'affrontement final entre Toshiro Mifune et Tatsuya Nakadai est révélateur de cette maîtrise du cinéaste japonais. Ce superbe duel n'est pas une effusion de violence mais un face-à-face lent et douloureux entre deux hommes ne souhaitant pas s'affronter.
Je suis davantage réservé s'agissant de la fin et de dénouement du film que je trouve un peu trop mélodramatique. Rebellion n'en reste pas un très beau film et un incontournable dans la filmographie de Kobayashi.