Expérience assez particulière que ce Reconstruction, premier film d'un certain Christoffer Boe. De par l'image, notamment, l’œuvre fascine par son traitement visuel singulier. La photo est très granuleuse, résultat d'une captation lumineuse seulement ambiante et de quelques manipulations ultérieures sur la pellicule. Du coup, de pair avec son montage précis et prenant, et d'une bande-son électro-pianotée assez aérienne, parfois accompagnée de quelques violons, le film se pare d'une atmosphère envoûtante, à la croisée de Lynch et des premiers Nolan et Winding Refn. Le design sonore est ainsi particulièrement soigné, dans une intrigue déconstruite perturbante qui traite d'amour et d'infidélité alors que le personnage central se perd dans une spirale nébuleuse où les identités s'évanouissent, sa mémoire lui joue des tours et les évènements défient la chronologie. Dans cet apparat austère, ce film psychologique sur fond de romance s'épand dans la confusion, alors que chaque détail et dialogue a été finalement minutieusement pensé.