Dix ans après John Ford avec la Poursuite infernale, John Sturges donne sa version du fameux gunfight d' OK Corral, c'est l'une de ses réussites dans le western où contrairement au ton romanesque et nostalgique de Ford, il témoigne de l'évolution qui marque le western hollywoodien des années 50 qui commence à devenir tragique et crépusculaire. L'Amérique porte en effet un regard différent sur son vieux Far West, et ce n'est pas un hasard si 2 ans plus tard, on verra L'homme de l'Ouest d'Anthony Mann, le western le plus désenchanté des années 50.
On connait partiellement l'histoire et les protagonistes, mais la vérité historique est tout aussi absente du film de Sturges qu'elle ne l'était chez Ford. Le film se déroule comme un long crescendo dramatique qui culmine avec la bataille finale qui est un exemple de réalisme un peu froid, car on n'est plus chez Ford ni chez Hathaway. En plus de l'efficacité et de la vivacité de la mise en scène, et de la fulgurance de la violence qui n'est pas édulcorée, c'est l'interprétation le grand atout du film, avec un duo magistral de grandes stars, soutenues par de très bons acteurs de second plan tel John Ireland avec sa tête de bad guy ; la beauté glamour de Rhonda Fleming fait aussi son effet.
Si Wyatt Earp reste conforme à l'image traditionnelle qui lui est associée, le personnage de Doc Holliday est ici un joueur professionnel davantage qu'un hors-la-loi, mais un joueur malade, tuberculeux et au bout du rouleau, handicapé par des quintes de toux ; Kirk Douglas l'incarne avec une grande conviction et une sorte de rage à laquelle il a habitué le public. Sturges insiste sur l'étude de caractère, notamment sur l'amitié feutrée entre le shérif et le joueur déchu qui met en lumière leurs qualités de coeur, prenant ainsi le pas sur l'ambiance de violence traditionnelle dans les westerns. On retient aussi la musique de Dimitri Tiomkin qui reste dans l'oreille avec la ballade "OK Corral" chantée par le crooner de l'époque Frankie Laine, et qui scande en instru l'action en différentes variations. Un grand western à ne pas manquer.

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le 1 sept. 2016

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Ugly

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